La place Moulay El Hassan, un des principaux lieux de la ville des Alizés, a accueilli samedi soir, un spectacle rythmé, marqué par une énergie envoûtante, où se côtoient guembri, guitare et percussions. Ce métissage musical, à l'image du message d'ouverture et de tolérance, porté par le Festival Gnaoua depuis ses premières éditions, a musicalement déchaîné une foule au rendez-vous, avide d'émoi et de sensation. Avec l'arrivée du Maâlem Hossam Guinea sur scène, une vague de cris enthousiastes s'est accaparée du public, ravi à la vue de ce maître gnaoui, célèbre pour ses descendances gnaouis, puisqu'il est le fils du défunt Mahmoud Guinea. Cet artiste, habitué de voir la porte de sa maison d'enfance foulée par les grands Maâlems et artistes de renom, a subjugué l'attention de ses invités avec des rythmes mystiques, accompagnés de chants invocatoires. Sa prestation hypnotique s'est animée par une fusion internationale, avec la voix persuasive et l'énergie déconcertante de la chanteuse mauritanienne Fatma Mbaye, résonant le rythme de son pays aux formules mélodiques gnaouis. La flûte de Naïssam Jalal et la voix de Haile Supreme, se sont accordées au mouvement permanent du guembri, témoignant du caprice et du charme de ce patrimoine immatériel qui ne cesse de séduire les cultures du monde. La musique hindoustanie et carnatique qui partage le caractère mystique des gnaouas, s'est également invitée sur scène avec l'artiste Stéphane Edouard, qui a ajouté sa signature rythmique marquée par les notes du groove, pour ensuite être relevée par la danse des cordes du ribab, touchées par l'artiste Amazigh Aziz Ozouss. La guitare de Mohamed Derouich, s'est aussi fondue à ce métissage de tolérance, qui par sa riche intervention musicienne, a instauré un climat de paix. Les maâlem Abdelaziz Soudani, Lahcen Mhaidi et Mohamed Boumezzough, ont par leur savoir de la culture musicale gnaoui créé une onde structurante marquée par un passage du long vers le rapide et du grave vers l'aigu, donnant l'occasion de goûter à la symbolique mystique de cet art vivant, qui délivre l'esprit pour atteindre une sonorité unique. Cette réunion des maîtres du tagnaouit propice à la fusion musicale a transporté les sens du public, avec l'une des très rares joueuses de guembri, Hind Ennaira, mêlée aux couleurs burkinabés du percussionniste, Yaya Ouattara. Une ambiance globale de pacification et de gentillesse renouvelée s'est emparée durant la nuit du samedi, sur la fameuse esplanade souiri, la Place Moulay El Hassan, où l'art se mêle au sacré. Des spectateurs aspirés par les battements du guembri et des contenus spirituels des chants se sont vu entraîner dans un état modifié de conscience, celui de la transe. Le Gnaoua Festival Tour se poursuit durant le mois de juin pour trois autres escales à savoir, les 09 et 10 juin à Marrakech, les 16, 17 et 19 juin à Casablanca et les 23 et 24 juin à Rabat. Avec MAP