L'opposant algérien et figure du hirak Karim Tabbou a été arrêté, vendredi à Alger, a annoncé le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). Le coordinateur de l'Union démocratique et sociale (UDS – non agréé), Karim Tabbou a été « arrêté chez lui à la maison par la police », a posté sur Facebook le Comité sans donner de précisions sur les motifs de cette arrestation. « Halte à l'instrumentalisation de la justice, l'opinion n'est pas un délit », a indiqué le Comité. Cette interpellation intervient après des déclarations dans lesquelles Karim Tabbou a rendu un « hommage à Hakim Debbazi », un détenu d'opinion décédé samedi dernier dans la prison de Koléa. Dans sa publication, il a rendu les autorités responsables de son décès suite à un arrêt cardiaque, soulignant que « bien sûr que le pouvoir demeure et demeurera le seul et unique responsable de sa mort ». Selon Karim Tabbou, le défunt avait « pris sur ses frêles épaules, tout le poids des revendications exprimées dans le Hirak », dont il était devenu l'un des principaux animateurs dans sa localité de Hadjout (ouest). « Gardons le sens de son sacrifice, restons constants et continuons notre combat pour l'avènement d'un Etat de droit. Repose en paix Hakim, ton combat ne sera pas vain », ajoute Karim Tabbou dans sa publication. Arrêté le 26 septembre 2019 dans le cadre d'une autre affaire, Karim Tabbou avait été emprisonné également pendant neuf mois avant de bénéficier d'une libération conditionnelle le 2 juillet dernier pour « atteinte à la sûreté nationale ». Dans une autre affaire, Karim Tabbou avait été condamné en appel le 24 mars 2020 à un an de prison ferme pour le même chef d' »atteinte à la sûreté nationale », en raison d'une vidéo parue sur la page Facebook de son parti dans laquelle il critiquait l'ingérence de l'armée dans les affaires politiques. L'Algérie a enregistré ces dernières semaines, à quelques mois des élections législatives, une recrudescence de la répression et des interpellations des manifestations. Dernièrement, plusieurs organisations algériennes et internationales ont exprimé leurs inquiétudes quant à la répression du droit à la liberté d'expression dans ce pays maghrébin. D'après le comité national pour la libération des détenus, 300 personnes, accusées, en autres, d'atteinte à la sûreté de l'Etat, d'atteinte à l'intégrité du territoire et d'actes subversives, croupissent actuellement dans les prisons algériennes dans des conditions déplorables. La plupart sont poursuivies pour avoir simplement exprimé une opinion, à travers notamment des publications sur les réseaux sociaux.