Une nouvelle secousse diplomatique vient d'ébranler notre voisin de l'Est, l'Algérie, laquelle fait chronologiquement suite à la décision de l'Allemagne de reconnaitre l'autonomie comme option privilégiée pour le règlement de la question du Sahara et celle, encore beaucoup plus audacieuse, des Etats unis, de reconnaitre la souveraineté marocaine sur l'ensemble de son Sahara. La décision de l'Espagne de reconnaitre l'autonomie comme la base la plus sérieuse pour le règlement de la question du Sahara, vient mettre un terme à une longue parenthèse d'hésitations et de tergiversations de Madrid sur ce dossier, en dépit de multiples résolutions claires et pertinentes du Conseil de sécurité, depuis 2007, lesquelles avaient arrêté et établi une perspective claire pour le règlement d'un conflit qui n'aurait jamais existé, sans l'ingérence et l'implication flagrante de l'Algérie, un pays dont tout le monde commence à reconnaitre «le rôle pivot» dans la discorde et le séparatisme au Maghreb, dans le monde arabe et en Afrique. L'Espagne, dont une partie de la société civile baigne dans la propagande idéologique de l'Algérie, celle d'un pays prétendument «progressiste», qui avait paradoxalement éliminé physiquement plus 250.000 algériens, au cours de la décennie quatre-vingt-dix, tenait en effet, un discours diamétralement opposé à ses intérêts stratégiques, diplomatiques, politiques et économiques. Elle sait très bien qu'à un moment donné, Alger avait crée pour Madrid son propre «polisario» dans les Iles Canaries, pour exercer son chantage contre l'Espagne dans la question du Sahara, alors que notre voisin de l'Est n'a rien à fournir à l'Espagne, en dehors du gaz. Si demain, par mésaventure, Alger se mettait à interrompre ses livraisons de gaz à l'Espagne, elle se priverait du financement de ses importations alimentaires, dont l'essentiel provient de l'étranger, y compris le lait en poudre, pour un pays indépendant depuis 60 ans et doté de toutes les richesses du monde. → Lire aussi : La nouvelle position de l'Espagne, un jalon important sur la voie de la résolution du conflit autour du Sahara marocain L'Algérie n'a rien à offrir à l'Espagne, mis à part un discours idéologique révolu, qui n'a plus aucune prise sur la réalité, un discours qui trouve sa véritable concrétisation dans la dénonciation de l'accord tripartite maroco-hispano-algérien sur le gazoduc, pour la fourniture à l'Espagne de 13,5 milliards de mètres cubes de gaz/An, et dans lequel le Royaume du Maroc n'est qu'un pays de transit, non pas le destinataire final des livraisons substantielles de gaz. La fermeture du GME, qui fournissait près de 13,5 milliards de mètres cubes à l'Espagne, a entrainé une baisse des approvisionnements de l'Espagne de quelque 5 à 6 milliards de mètres cubes, ce qui correspondrait à des pertes, pour l'Algérie, d'environ 5 à 6 milliards d'euros. Des pertes gratuites, occasionnées en vertu de mesures improvisées, idéologiques et démagogiques, insensées, sans contenu réel, et qui sont préjudiciables pour la seule Algérie, le Maroc n'étant qu'un pays de transit. Cette nouvelle débâcle diplomatique, à mettre au passif des envoyés spéciaux du «Polisario et du Maghreb», deux entités inexistantes qui auraient paradoxalement justifié la création de postes diplomatiques de haut niveau auprès du ministère algérien des affaires étrangères, ne dissuaderait pas pour autant ce pays de revoir ses choix stratégiques sur la question du Sahara, face au compte à rebours enclenché par la décision américaine de décembre 2020, en faveur du Royaume du Maroc. Il faut espérer que l'Italie ne tardera pas à se joindre à ce mouvement et son ralliement serait imminent, selon d'anciens diplomates italiens, de haut niveau. L'étau se resserre autour d'Alger, qui aurait refusé la demande des Etats unis, de l'Espagne et de certains pays de l'Union européenne de renforcer ses fournitures à l'Europe en gaz, pour consolider ses positions diplomatiques à l'égard de la Russie dans le conflit ukrainien. L'Algérie paie le prix de son entêtement, de la rigidité de sa diplomatie, de son imprévoyance et de son manque de réalisme politique. *( Journaliste et écrivain)