La reprise économique mondiale se poursuit mais elle « est en perte de vitesse, freinée par la pandémie » et le fossé vaccinal entre pays riches et pauvres, a indiqué mardi le Fonds monétaire international (FMI) qui a légèrement révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour 2021. « Des flambées de la maladie dans des maillons essentiels des chaînes d'approvisionnement mondiales ont provoqué des ruptures plus longues que prévu, ce qui a attisé l'inflation dans de nombreux pays. Dans l'ensemble, les risques pesant sur les perspectives économiques ont augmenté et les arbitrages des pouvoirs publics sont devenus plus complexes« , a relevé l'économiste en chef du FMI, Gita Gopinath en rappelant que « la pandémie n'est terminée nulle part tant qu'elle ne l'est pas partout« . Soulignant que les prévisions de croissance de cette année ont été légèrement révisées à la baisse, à 5,9 %, et reste inchangée pour 2022, à 4,9 %, Mme Gopinath a indiqué que cette « modeste révision globale masque toutefois de fortes dégradations pour certains pays« . « Les perspectives pour le groupe des pays en développement à faible revenu se sont considérablement assombries en raison de l'aggravation de la dynamique de la pandémie. La révision à la baisse résulte également de perspectives à court terme plus difficiles pour le groupe des pays avancés, en partie en raison de ruptures d'approvisionnement« , a-t-elle noté. → Lire aussi : Croissance mondiale: Le FMI revoit légèrement à la baisse ses prévisions pour 2021 Et d'indiquer que cette « dangereuse divergence » des perspectives économiques reste une préoccupation majeure. Mais si la production globale des pays avancés devrait retrouver sa trajectoire d'avant la pandémie en 2022 et la dépasser de 0,9 % en 2024, celle des pays émergents et des pays en développement (à l'exclusion de la Chine) devrait rester inférieure de 5,5 % à la prévision prépandémique en 2024, ce qui se traduirait par un ralentissement plus marqué de l'amélioration des conditions de vie. Pour l'économiste en chef du FMI, ces différences sont « une conséquence de la +Grande Fracture vaccinale+ et de fortes disparités en ce qui concerne l'aide apportée par les pouvoirs publics« . Alors que dans les pays avancés, plus de 60 % de la population est entièrement vaccinée et que certaines personnes reçoivent actuellement des injections de rappel, environ 96 % de la population des pays à faible revenu n'est toujours pas vaccinée. En outre, dans de nombreux pays émergents et pays en développement, qui font face à un durcissement des conditions de financement et à un risque accru de désancrage des anticipations d'inflation, les autorités mettent plus rapidement un terme à leurs dispositifs de soutien, malgré des déficits de production plus élevés, déplore encore le FMI. Dans son dernier « Rapport sur la stabilité financière dans le monde« , l'institution financière basée à Washington met en évidence, par ailleurs, une autre difficulté sur le plan monétaire, qui résulte d'une « prise de risques accrue sur les marchés financiers et de la fragilité croissante du secteur des institutions financières non bancaires« . Rappelant que « le principal facteur commun à ces difficultés complexes est l'emprise continue de la pandémie sur la société mondiale« , le FMI relève que la « priorité absolue » consiste à vacciner au moins 40 % de la population de chaque pays d'ici à la fin 2021 et 70 % d'ici à la mi-2022. « Il est également urgent de ralentir la hausse des températures sur la planète et de juguler les effets néfastes de plus en plus nombreux du changement climatique« , indique-t-on. La troisième priorité, selon le FMI, est que les pays en difficulté disposent de liquidités internationales suffisantes outre une restructuration des dettes des pays pauvres.