Du fait de son emplacement comme carrefour entre l'Afrique et l'Europe, le Maroc, qui commémore mardi la Journée mondiale du réfugié, est aujourd'hui non seulement une terre de transit, mais aussi d'installation pour de nombreux réfugiés. Cette donne est attestée par l'augmentation significative du nombre de cette population au Royaume et qui est passé, selon les chiffres du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), de 1.275 réfugiés ou personnes dans le besoin en 2014 à 4.171 en 2016, dont une part majoritaire de Syriens. Quant à la répartition géographique de cette catégorie de migrants sur le territoire national, l'axe Casablanca-Rabat-Kénitra reste le lieu principal de leur installation (62%), devant des villes comme Oujda, Tanger et Meknès. Face à cette mutation, l'Etat marocain a décidé de régulariser nombre de réfugiés et d'accélérer la mise en place d'une politique d'intégration professionnelle. Dans ce sens, le Maroc a mis, en collaboration avec l'UNHCR, un dispositif d'accompagnement qui consiste à diriger les réfugiés accueillis vers une série d'interlocuteurs associatifs ou privés susceptibles de les accompagner sur le volet éducatif, économique, social ou juridique. A cet égard, une étroite collaboration lie l'UNHCR avec les autorités marocaines, mais également plusieurs organisations non gouvernementales, dont l'Association marocaine d'appui à la promotion de la petite entreprise (AMAPPE). Créée en 1991 et reconnue d'utilité publique, l'AMAPPE est le principal interlocuteur de l'UNHCR concernant la question de l'emploi des réfugiés au Maroc, et dispose à ce titre du statut consultatif spécial auprès du conseil économique et social des Nations Unies et est également membre de l'Association européenne de démocratie locale (ALDA). La collaboration UNHCR-AMAPPE a donné lieu au programme d'insertion socio-économique des réfugiés urbains au Maroc (PISERUMA), qui a permis, depuis 2007, de favoriser le développement des activités génératrices de revenu (AGR) et, depuis 2011, la formation professionnelle. Ce programme est articulé autour de trois principaux axes, à savoir les activités génératrices de revenus, la formation professionnelle et l'intégration professionnelle par l'employabilité, a indiqué à la MAP, Oualid Chourak, responsable du programme PISERUMA et membre du directoire de l'AMAPPE. En 2016, PISERUMA a réussi à accompagner des réfugiés pour la création de 105 activités génératrices de revenus, et à inscrire et suivre 70 réfugiés dans des formations professionnelles avec des partenaires nationaux, à savoir l'Entraide nationale (50 bénéficiaires) et l'Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) (20 bénéficiaires), a précisé M. Chourak. En outre, 10 réfugiés ont été intégrés dans des emplois avec des contrats de droit marocain et 20 autres dans des stages de qualification ou d'insertion, a-t-il poursuivi. Il a noté, par ailleurs, qu'une évaluation du programme PISERUMA a été effectuée par un expert externe afin de connaître avec précision les points forts et les points faibles ainsi que les ajustements et améliorations à prendre en considération. En parallèle, une étude de marché a été lancée pour ressortir les secteurs porteurs de l'intégration économique des réfugiés et migrants au Maroc, a-t-il relevé, faisant savoir que les résultats de cette étude sont prévus pour juillet 2017. Selon lui, les principales pistes d'amélioration consistent, de manière globale, à ne plus se contenter des microprojets mais étendre les activités génératrices de revenus pour la création de coopératives de services, orienter les porteurs de projets vers des solutions de micro-financement ou vers des fonds solidaires. Il s'agit également de cibler de nouveaux cursus de formation professionnelle et ne plus se contenter des formations classiques. Ainsi, la collaboration liant l'UNHCR à l'AMAPPE et aux autres partenaires institutionnels marocains traitant des différents aspects relatifs à la question des réfugiés au Royaume a contribué au renforcement de la capacité d'assistance marocaine de cette population. Elle sert à démontrer à quel point un tel effort collectif impliquant toutes les parties prenantes est nécessaire pour assurer une protection adéquate aux réfugiés et leur fournir des solutions durables.