Les mesures préventives sont la seule solution pour maîtriser la situation épidémique et réduire les risques de nouveaux mutants, en attendant d'atteindre l'immunité collective, a souligné Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé. Lors de son analyse du double mutant indien, M. Hamdi a expliqué que le cas indien a démontré l'importance de respecter les mesures préventives individuelles et collectives en attendant d'atteindre l'immunité collective pour réduire les risques de nouveaux variants qui peuvent être plus dangereux. L'épidémie a fait des ravages en Inde depuis la fin du mois de mars, avec plus d'un million de cas de contaminations enregistrés en seulement trois jours et un record de 350.000 cas le 25 avril, a-t-il relevé, ajoutant que 2.767 décès ont été dénombrés en 24 heures. La majorité des Etats indiens sont de nouveau placés en quarantaine et le pays essaie de résister au risque d'effondrement du système de santé, en raison de l'incapacité de l'infrastructure hospitalière à accueillir un grand nombre de personnes dans un état critique et le manque d'oxygène dans les hôpitaux, a-t-il indiqué. L'aggravation de la situation épidémique est due à deux facteurs, à savoir l'émergence d'un nouveau variant indien et le grand nombre de rassemblements publics lors des campagnes électorales et de certaines festivités sociales auxquelles des millions d'Indiens ont assisté sans prendre les précautions nécessaires, a expliqué le chercheur. Le variant indien, ou B.1.617, a été repéré pour la première fois début octobre 2021 chez un homme de 31 ans dans le Maharashtra (dont la capitale est Mumbai), a-t-il rappelé. Ce variant est qualifié de « double mutant » en raison de deux mutations présentes sur sa protéine Spike, qui permettent au virus de pénétrer les cellules de la personne infectée, a-t-il ajouté, précisant que la première mutation « L452R » est similaire à celle observée au niveau du variant californien et la seconde « E484Q » est proche de la mutation « E484K », détectée chez les variants brésilien et sud-africain. Ces deux mutations permettent au coronavirus de mieux se fixer sur les cellules pour se propager plus facilement, a fait savoir le médecin chercheur, ajoutant que le double mutant indien porte quinze mutations au lieu de deux et il n'est pas le résultat d'une fusion entre les variants californien et sud-africain. Même si le variant indien semble aujourd'hui être plus contagieux, il est difficile de confirmer que son danger ou sa létalité soient plus élevés, a-t-il souligné. Bien qu'il entraîne les mêmes symptômes qu'autres souches, le taux de la propagation du variant indien est préoccupante, a-t-il renchéri. Une étude a montré que la mutation commune avec le variant californien augmente le taux de sa propagation de 18 à 24%, a argué M. Hamdi. L'immunité résultant de la vaccination ou d'une contamination antérieure par la souche classique semble prévenir l'infection par ce mutant, mais ce constat n'a pas été encore confirmé, a-t-il détaillé. Il y a une pénurie d'informations sur ce sujet car les échantillons disponibles du variant indien sont très peu nombreux par rapport aux autres mutants, vu la capacité limitée de l'Inde à effectuer un suivi génomique par rapport à d'autres pays tels que la Grande-Bretagne, a-t-il commenté. Néanmoins, des études sont menées pour déterminer toutes les caractéristiques de mutant indien, a conclu l'expert.