Le Maroc a enregistré un premier cas du nouveau variant apparu en Grande-Bretagne d'où la crainte que le Royaume puisse connaître dans les prochains jours plus de contamination quant à cette nouvelle souche de virus. Dans un entretien avec notre collègue Amal Knin du desk arabophone Hespress.com, Tayeb Hamdi, médecin et spécialiste et chercheur en politiques et systèmes de santé, explique les caractéristiques les plus importantes de cette souche, ainsi que les défis que poseraient son éventuel propagation au Maroc. A la question de savoir quels étaient les défis pour le Maroc qui a enregistré un premier cas de coronavirus sous une nouvelle souche, le Dr Tayeb Hamdi a déclaré que, « le cas de la nouvelle souche de coronavirus découverte dans le pays n'est pas le seul cas au Maroc, il est pratiquement certain qu'ils en existent d'autres. Si les mesures nécessaires, ne sont pas prises cette souche de virus se généralisera sûrement ». Et de souligner, « Il est difficile de contrôler ou surveiller cette forme mutante de souche du virus par l'ancienne méthode de travail. Les cas vont augmenter, se multiplier et faire plus de pression sur la réanimation, et donc on enregistrera plus de décès. Aussi poursuit Hamdi, « toutes les mesures nécessaires doivent être prises pour que nous puissions arrêter cette souche, ou au moins la contrôler, jusqu'à la vaccination des citoyens qui nous permettra de créer une immunité de groupe ». Quelles sont alors les mesures à prendre ? Les mesures à prendre dira le Dr Tayeb Hamdi, « partent d'abord des frontières, à l'instar des autres pays concernés. Dès lors que l'on déclare qu'un pays a propagé la nouvelle souche, les contacts directs doivent être interrompus jusqu'à ce que l'épidémie soit maîtrisée, avec il y va de soi une intensification des procédures de surveillance, de contrôle et d'examen aux frontières ». Ce dernier selon l'interlocuteur, doit se faire non seulement par PCR, mais aussi en adoptant la nouvelle technique, pour identifier tout type de virus, qu'il provienne de la nouvelle ou de l'ancienne souche. Au Maroc, seuls trois laboratoires réalisent cet examen et une campagne a été lancée auprès des étudiants pour connaître les types de souches disséminées dans le pays. « La propagation du virus doit être limitée en déterminant sa carte de propagation, et tous les Marocains doivent en être conscients. Aussi, respecter les mesures de précaution nécessaires, notamment en portant une bavette, se laver les mains, respecter la distanciation sociale, éviter les rassemblements et ventiler les espaces clos, sont autant de mesures qui nous aideront à retarder la propagation de cette nouvelle variante du virus », ajoute le chercheur. Comment cette mutation s'est-elle produite ? Et le Dr Hamdi d'expliquer « Les virus dans leur évolution naturelle, ont généralement des mutations. Un virus est un organisme qui peut vivre et se reproduire dans une cellule, qu'elle soit humaine ou animale. Coronavirus peut vivre en pénétrant le corps humain, où il peut se reproduire. Des changements peuvent survenir constamment. Parfois ces changements n'ont aucun effet, tandis que d'autres fois le contraire peut se produire et ces mutations conduisent à une souche avec de nouvelles caractéristiques, de sorte que le virus devient plus dangereux, plus répandu et plus fatal. L'humanité a vécu cela dans la première moitié du siècle dernier avec les virus de la grippe espagnole, qui dans la seconde vague est devenue un virus plus mortel et ciblait les jeunes ». Quelles sont les caractéristiques de la nouvelle souche ? « La souche britannique avait un changement dans sa carcasse, ou « protéine de pointe » (spike), qui donne au virus sa forme coronaire, et à travers elle, elle adhère à la surface de la cellule humaine, de sorte qu'elle puisse y pénétrer. Malheureusement, des changements se sont produits dans cette protéine et le virus a donc de nouvelles caractéristiques, notamment celles de se propager plus rapidement, avec une intensité comprise entre 50 et 74%. ; Par exemple, si une centaine de personnes étaient infectées par l'ancienne souche, la nouvelle souche infecterait plus ou moins jusqu'à 156 personnes ». Le médecin spécialiste ne s'en tient pas là et continue « La nouvelle souche n'est pas plus agressive que sa précédente et n'engendre donc pas un nombre de cas plus critiques ni de décès mais elle se répand plus vite et est également transmise chez les jeunes et les enfants avec la même virulence que l'ancienne souche. Heureusement, cette nouvelle souche n'affecte pas les vaccins ». Avant de conclure « Les symptômes sont similaires entre l'ancienne et la nouvelle souche, cette dernière provoquant également toux, maux de tête, fièvre, fatigue, douleurs musculaires et diarrhée. Alors qu'un grand nombre de personnes resteront asymptomatiques à l'image du premier cas victime de la variante britannique qui a été découverte au Maroc, au port de Tanger-Med ».