Le géant chinois du e-commerce Alibaba a relativisé lundi les conséquences de son amende géante de 2,3 milliards d'euros pour abus de position dominante, tandis que ses actions ont gagné plus de 6% à la Bourse de Hong Kong, avec l'espoir qu'une page a été tournée. Alibaba, symbole en Chine de la réussite dans l'économie numérique, est depuis décembre sous enquête des autorités pour « suspicion de pratiques monopolistiques ». Les régulateurs ont jugé samedi que le groupe fondé par le charismatique milliardaire Jack Ma était en infraction et ont condamné l'entreprise à payer une lourde amende. Alibaba s'est notamment vu reprocher d'exiger l'exclusivité des commerçants souhaitant vendre leurs produits sur ses plateformes, au détriment des sites de commerce en ligne concurrents. « Nous acceptons sincèrement cette sanction et nous nous y conformerons fermement », a indiqué lors d'une conférence téléphonique le vice-président exécutif du groupe, Joe Tsai. « Nous avons bénéficié de conseils avisés [des régulateurs] sur certaines questions spécifiques relevant de la loi anti-monopole […] Nous sommes heureux de pouvoir tourner la page », a précisé M. Tsai. Le montant de l'amende représente 4% du chiffre d'affaires de 2019 d'Alibaba, qui était de 455,7 milliards de yuans (58,45 milliards d'euros), selon l'agence de presse Chine nouvelle. L'amende « n'aura pas de conséquences négatives » sur les affaires d'Alibaba, a assuré de son côté devant les investisseurs son PDG, Daniel Zhang. Le groupe a promis de baisser ses coûts de fonctionnement pour les commerçants présents sur ses plateformes. Ces propos ont semble-t-il rassuré les investisseurs: l'action d'Alibaba a terminé lundi en hausse de 6,6% à la Bourse de Hong Kong, où le groupe est coté en plus de celle de New York. D'autres géants de la tech ont en revanche fini en repli: Tencent (-1,1%), JD.com (-2,03%) et NetEase (-1,04%), les marchés redoutant que d'autres groupes se retrouvent à leur tour dans le collimateur des régulateurs chinois. Les mesures qu'Alibaba devra prendre pour se mettre en conformité avec les régulateurs « limiteront probablement la croissance » de ses revenus et pèseront sur son bénéfice, estime dans une note l'agence de notation américaine Moody's. Jack Ma, qui a officiellement pris sa retraite d'Alibaba en 2019 mais en reste un gros actionnaire, est depuis quelques mois dans le collimateur des autorités. En novembre 2020, les régulateurs chinois ont stoppé in extremis une colossale introduction en Bourse à 34 milliards de dollars d'Ant Group, une filiale d'Alibaba dans les paiements en ligne. Inquiet de son influence, Pékin aurait par ailleurs demandé au géant du commerce en ligne de céder des actifs dans le secteur des médias, a rapporté le mois dernier le Wall Street Journal (WSJ).