La France n'exclut pas la possibilité de réduire les effectifs de Barkhane, force militaire française déployée depuis 2014 au Sahel pour lutter contre les groupes djihadistes, a indiqué la ministre des Armées, Florence Parly. « Nous serons très probablement amenés à ajuster ce dispositif : un renfort par définition, c'est temporaire », a affirmé la ministre dans un entretien au quotidien « Le Parisien » paru lundi, alors que Barkhane vient de perdre 5 éléments dans deux attaques au Mali la semaine dernière. « Depuis que Barkhane (précédée par Serval) a démarré ses opérations, nous n'avons cessé de nous adapter à la configuration du terrain, aux modes opératoires des groupes terroristes. Cette adaptation va continuer naturellement. Et je souhaite qu'on puisse en faire davantage pour mieux protéger nos militaires. En ce moment même, nous sommes en train de travailler aux évolutions de la force Barkhane dans les prochains mois », a-t-elle expliqué. Un « bilan sera tiré » à l'occasion du prochain sommet conjoint de la France et des pays du G5 Sahel, a ajouté Mme Parly, rappelant que la France est engagée au Sahel « à la demande des Etats concernés parce que des groupes terroristes, affiliés à Al-Qaïda et Daech, sèment la terreur et le chaos sur place et que ces mêmes groupes ont un agenda international qui concerne directement notre sécurité, nous Français et Européens ». Elle a souligné que la force Barkhane a remporté en 2020 « des succès militaires importants, à la fois en neutralisant plusieurs hauts responsables de groupes terroristes » dont leader d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), l'Algérien Abdelmalek Droukdal, tué en juin dernier dans le nord du Mali, et Bah Ag Moussa, décrit comme le « chef militaire » du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda, neutralisé en novembre, et « en attaquant leurs chaînes logistiques pour les désorganiser ». Revenant sur la mort de 5 militaires français en moins d'une semaine dans deux attaques à l'engin explosif artisanal au Mali, la ministre a reconnu que « les conditions de sécurité au Sahel restent difficiles », notant que « les terroristes utilisent l'arme des lâches » avec des engins artisanaux qui se déclenchent « indifféremment » au passage de véhicules civils ou militaires. « Si les jihadistes adoptent ces méthodes pernicieuses de guérilla, c'est qu'ils refusent le combat, conscients qu'ils n'auraient aucune chance s'ils devaient se confronter aux soldats de Barkhane dans un combat régulier », a-t-elle estimé. La France est engagée dans la région sahélienne aux côtés des pays du G5 Sahel (Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) à travers le déploiement de 5.100 militaires dans le cadre de l'opération Barkhane, lancée le 1er août 2014. Conduite par la France, cette opération est destinée à lutter contre les groupes djihadistes au Sahel, dans le cadre d'un partenariat stratégique avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne, affirment les autorités françaises. Selon l'ONU, les attaques djihadistes et les violences intercommunautaires dans la région ont fait 4.000 morts en 2019, cinq fois plus qu'en 2016.