La mendicité est une pratique sociale qui a existé depuis bien longtemps et qui ne cesse de prendre de l'ampleur, devenant ainsi un métier générateur de revenu important pour la majorité de cette frange de la société qui s'adonne à cette pratique. Dans chaque quartier, rue et ruelle de l'ensemble des villes et villages du Royaume, on croise tout au long de la journée, jusqu'au coucher du soleil, des personnes demandant l'aumône, chacune dans son champs de mendicité qu'elle a choisi: devant les supermarchés, les gares, les centres commerciaux, ou près des feux de signalisation, des mosquées et même devant les établissements scolaires, tout en recourant à des stratégies bien étudiées visant à attendrir les cœurs des passants et donc de gagner plus d'argent. Ils ont, très souvent, recours à de véritables mises en scènes, allant jusqu'à louer des enfants, des adolescents ou des vieillards dans le but d'attirer la compassion et la générosité des autres. Cependant, d'autres mendiants avouent n'avoir aucun autre choix que de tendre leur main pour pouvoir gagner leur pain et assouvir leurs besoins et ceux de leurs familles, en raison de leur incapacité physique à travailler. Dans une déclaration à la MAP, le professeur-chercheur en sociologie, Ali Chaabani a indiqué que ce phénomène social est devenu une pratique dangereuse en constante évolution au Maroc, puisque toutes les catégories de personnes, de tous âges et de tous sexes, des filles, femmes, hommes, vieux comme jeunes, exercent la « profession de mendicité ». « La mendicité est en hausse et les causes et facteurs sont divers et nombreux », a souligné le sociologue, ajoutant que d'un point de vue social, la mendicité s'est avérée être, depuis longtemps, un « métier générateur de revenu important » ne nécessitant ni diplômes ni efforts. Il existe même des cas de mendiants qui reçoivent des offres d'emploi dans des usines, restaurants ou autres, mais refusent, « car ils estiment que le fait de tendre la main leur permet de gagner des revenus journaliers importants, entre un minimum de 250 à 300 dirhams », a-t-il expliqué. Il a, dans ce même sens, indiqué que « pas tous les pauvres sont des mendiants » et que certains cas souffrent de cupidité et de complexes et maladies psychologiques les incitant à s'adonner à ce métier « stable », pour gagner davantage d'argent et même de construire des fortunes. « Avec le temps, les mendiants deviennent expérimentés en la matière et commencent à cibler les zones, régions et quartiers où ils génèrent le plus de revenu avec professionnalisme, devenant ainsi de plus en plus avides d'argent », a fait remarquer le sociologue. Pour sa part, Naima, une pharmacienne au centre ville de Kénitra, confie à la MAP que cette pratique est devenue alarmante, offrant l'opportunité à plusieurs personnes de s'installer dans différents lieux, soit individuellement ou en groupe, qu'ils changent selon les occasions et les jours de la semaine, pour demander aux passants de l'argent. « Souvent, on vient mendier devant ma pharmacie et quand quelqu'un leur achète ou leur donne du pain, de la nourriture ou des habits, ils refusent », a-t-elle constaté, estimant que la majorité de cette catégorie de la société en font un métier. Ce qui est désolant et poignant c'est qu'ils exploitent les enfants à leurs fins, ainsi que pour satisfaire facilement leurs besoins quotidiens en argent, a déploré la pharmacienne. Dans ce contexte, il est nécessaire de rappeler que le ministère de la Solidarité, du développement social, de l'égalité et de la famille avait pris différentes mesures, notamment le plan d'action national pour lutter contre l'exploitation des enfants à des fins de mendicité, lancé en collaboration avec la présidence du Ministère public, les départements gouvernementaux, les associations et les institutions nationales concernées, qui a permis, dans une expérience pilote incluant les villes de Rabat, Salé et Témara, de sauver près de 100 enfants de l'exploitation en mendicité, jusqu'au début de la période de confinement. ( Avec MAP )