Un test PCR négatif réalisé 48 heures avant le départ des voyageurs, ainsi qu'un test sérologique, une condition sine qua none pour accéder au territoire marocain. Celle-ci semble fâcher les professionnels du tourisme français, qui lors d'une rencontre à Paris en début de semaine, ont bien dit que si le test ne se fait pas à l'aéroport, il n'y aura pas de touristes français ! Une reprise touristique dans le pipe ? En tout cas, c'est ce qu'on comprend de la visite du Directeur général de l'Office National Marocain du Tourisme (ONMT), Adel El Fakir, qui s'est rendu, lundi et mardi, en France. Le but du voyage était, donc, de rassurer les prescripteurs de voyages français sur la destination Maroc afin qu'ils reprogramment le pays dans leurs catalogues pour les prochaines saisons. Un voyage qui arrive à quelques jours seulement de l'annonce d'une facilitation d'accès au territoire national au profit des étrangers et des visiteurs professionnels, actée depuis le 6 septembre. Une rencontre dont le but est, donc, de marquer des points en faveur de l'industrie touristique marocaine, surtout que la France est le premier marché émetteur de touristes vers le Maroc. Si on prend l'exemple de 2019, plus de 4,2 millions d'arrivées ont été enregistrées, soit 31% de part de marché. Vice versa, le Royaume est aussi la première destination des voyageurs français hors Europe. Les Français impatients, mais dubitatifs De leur côté, les Tours Opérateurs français, comme « Karavel Fram Promovacances » ou « NG travel », les TO en ligne comme Perfect Stay ou Voyage Privé ainsi que les compagnies aériennes internationales, ont manifesté leur impatience pour une reprise de l'activité touristique à l'international, mais semblaient être mécontents des conditions imposées aux étrangers pour pouvoir accéder au territoire marocain, notamment, le fait de réaliser un test PCR négatif réalisé 48 heures avant leur départ, ainsi qu'un test sérologique. « Une brèche qui ne suffira pas à faire revenir les voyageurs au Maroc », dit clairement René-Marc Chikli, Président du SETO au DG de l'ONMT, et rajoute, dans le même registre, « il faut que vous adoptiez les mêmes mesures que vos concurrents… Il y a effectivement un encombrement depuis une semaine, les laboratoires, avec lesquels nous avons des accords, ne peuvent plus suivre ». Pour étayer ses propos, ce professionnel du tourisme français propose l'exemple de la République dominicaine, qui effectue des tests à l'arrivée. Contacté par MAROC DIPLOMATIQUE, Zoubir Bouhoute, consultant et chercheur en Tourisme, nous déclare : « les responsables marocains du Tourisme, doivent mener un combat sans relâche pour impulser une dynamique de reprise en multipliant les partenariats avec les TO et les agences de voyages des principaux marchés émetteurs, notamment, la France ». Pas de tests à l'aéroport, pas de touristes « Nous allons mettre en place un travail lobbying avec les Entreprises du Voyage (EDV) pour obtenir des tests à l'aéroport sinon nous n'aurons pas le Maroc pour la Toussaint, et si nous n'avons pas le Maroc à la Toussaint nous pourrons difficilement l'avoir pour l'hiver », tranche le président du SETO. Le message était bien clair pour les responsables marocains et on ne le sait que trop bien le tourisme ne pourra pas redémarrer sans le marché français. En réaction à ces propos, Adel El Fakir n'avait d'autre choix que de céder : « on est conscient que la brèche que nous avons actuellement n'est pas à même de faire travailler les producteurs... J'ai eu l'occasion de rencontrer aussi quelques partenaires à Paris et j'ai bien compris la situation et je pense que j'ai en main les arguments pour influencer les décisions ». « Le Maroc a besoin de vous et Marrakech a besoin de vous », poursuit le DG de l'ONMT qui a d'ailleurs promis qu'une décision dans ce sens sera annoncée dans les prochains jours. Un défi majeur se pose ainsi pour Adel El Fakir, celui de convaincre les décideurs marocains de la nécessité de la mise en place des dispositifs demandés par les partenaires du Maroc, notamment, les tests de dépistages à l'arrivée dans les aéroports du Maroc. Par ailleurs, il a rappelé, que la reprise du tourisme est une question à forte dimension sociale, puisque 500.000 emplois directs qui sont concernés. La demande du président du SETO est « légitime » pour Zoubir Bouhoute, qui considère que « le dépistage des touristes à l'arrivée dans les aéroports du Maroc va constituer un argument fort pour inciter les Français à programmer leurs prochaines vacances, celles de la Toussaint, au Maroc ». La balle est de ce fait dans le camp de l'ONMT et des responsables marocains.