Le nouveau coronavirus « a révélé l'incapacité collective » à anticiper l'actuelle pandémie « avec le sérieux voulu », a souligné lundi un panel international à Genève, relevant que les pertes du Covid sont 500 fois plus importantes que le montant annuel requis pour la préparation aux pandémies et qu'une autre pandémie est « inévitable ». En 2019, quelques mois avant l'annonce des premiers cas de coronavirus, le groupe de surveillance de la préparation aux pandémies (GPMB) avait alerté sur un danger « réel » d'une épidémie qui pourrait tuer des dizaines de millions de personnes. « L'impact du Covid est encore pire que ce nous avions anticipé », a dit sa co-présidente, l'ancienne Première ministre norvégienne et ancienne directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Gro Harlem Brundtland. Les activités humaines rendent « une autre pandémie inévitable », a-t-elle dit à l'occasion du lancement du second rapport du GPMB, estimant que des mesures peuvent être prises pour préparer les populations. « Il y aura une autre pandémie » et d'autres urgences sanitaires, a renchéri le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Les pays qui s'en sortent le mieux face au coronavirus sont ceux qui ont absorbé les enseignements des précédentes larges épidémies, a-t-il ajouté. Il est important de ne pas « politiser » cette question de la préparation, a insisté, de son côté, le co-président du groupe d'experts, l'ancien secrétaire général de la Fédération international des sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), Elhadj As Sy. Dans son rapport, le GPMB souligne la fragilité des économies et des systèmes sociaux montrée par la crise qui a accentué les inégalités. « La riposte aux situations d'urgence n'est pas un choix » entre les populations et l'économie, affirme-t-il. La réponse sanitaire « est le meilleur moyen de mettre fin à la menace et de retrouver la productivité ». Les deux co-présidents appellent la communauté internationale à mieux collaborer. La maladie a reculé lorsque des ressources et une organisation « suffisantes » ont été établies, selon eux. En revanche, elle avance en cas de « divisions ». Face aux attaques contre l'OMS, le comité demande de soutenir le multilatéralisme et cette institution. Les fonds dépensés dans la sécurité devraient davantage être utilisés pour la préparation aux pandémies, selon lui. Les populations paient le manque d'investissements financier et politique, malgré les avertissements, insistent les spécialistes. Il faut des fonds prévisibles, flexibles et durables et l'ONU doit lancer un mécanisme financier adapté à ce défi, préconise le groupe.