La pandémie de Covid-19 a renforcé la menace terroriste dans les zones de conflit mais a réduit cette menace dans les zones sans conflit en raison des mesures de confinement prises pour lutter contre la pandémie, a indiqué lundi au Conseil de sécurité le chef du Bureau des Nations Unies de la lutte contre le terrorisme, Vladimir Voronkov. « Depuis le début de l'année, on observe des disparités régionales contrastées dans la trajectoire des menaces. Dans les zones de conflit, la menace s'est accrue, comme en témoigne le regroupement et l'intensification de l'activité de l'EI en Irak en Syrie, ainsi qu'au sein de certaines de ses filiales régionales », a souligné M. Voronkov. « Cependant, dans les zones sans conflit, la menace semble avoir diminué à court terme. Les mesures visant à minimiser la propagation du Covid-19, telles que le confinement et les restrictions de mouvement, semblent avoir réduit le risque d'attaques terroristes dans de nombreux pays », a-t-il ajouté. Selon le responsable onusien, il existe pourtant une tendance continue d'attaques par des individus ayant trouvé leur inspiration en ligne et agissant seuls ou en petits groupes, et qui pourraient être alimentées par les efforts de propagande de l'EI pendant la crise sanitaire. Vladimir Voronkov a indiqué que l'impact de la pandémie sur les activités de recrutement et de collecte de fonds reste incertain, alors que ses retombées socioéconomiques pourraient exacerber les conditions propices au terrorisme et accroître la menace à moyen et long terme, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des zones de conflit. S'agissant du Moyen-Orient, le responsable onusien a précisé que le noyau de l'EIIL a continué de consolider sa position dans certaines zones auparavant sous son contrôle, opérant de plus en plus avec confiance et ouvertement. On estime que plus de 10.000 combattants de l'EI restent actifs en Irak et en Syrie, se déplaçant librement en petits groupes entre les deux pays. Il y a eu une augmentation significative des attaques de Daech dans les deux pays en 2020 par rapport à 2019. En ce qui concerne l'Afrique, l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest (ISWAP) reste un axe majeur de la propagande mondiale du groupe terroriste de Daech, et son effectif total d'environ 3.500 membres en fait l'une des plus grandes « provinces » éloignées. L'ISWAP a continué de renforcer ses liens avec l'Etat islamique au Grand Sahara (ISGS), qui reste le groupe le plus dangereux dans la région des trois frontières du Burkina Faso, du Mali et du Niger. En Europe, la menace continue de provenir principalement de la radicalisation terroriste via l'Internet. « Des inquiétudes aiguës persistent concernant la radicalisation et l'échec de la réhabilitation dans les prisons, et la libération imminente de détenus dangereux ayant des antécédents ou des liens avec le terrorisme « , a ajouté M. Voronkov. Face à cette menace terroriste persistante, le système des Nations Unies a continué d'appuyer activement les Etats membres au cours des six derniers mois malgré la pandémie. Par ailleurs, M. Voronkov a indiqué que ses services avaient dirigé l'élaboration d'un cadre multi-agences pour fournir un soutien coordonné des Nations Unies aux Etats membres qui en font la demande pour la protection, le rapatriement, les poursuites, la réadaptation et la réintégration des ressortissants de pays tiers revenant d'Irak et de Syrie. Outre « travail sur les victimes du terrorisme », il a indiqué que la lutte contre le financement du terrorisme reste « une priorité essentielle. La pandémie augmente le risque potentiel de cybercriminalité par les terroristes pour lever et déplacer des fonds ».