Au sortir du Covid-19 , notre pays aura à affronter – et résoudre bien entendu – une série de problématiques, les unes liées à la pandémie, les autres à la relance économique qui en est l'impératif subséquent, les autres enfin plus ou moins structurelles. Elles concernent la vision à long terme de secteurs fondamentaux de notre développement. Elles appellent de aussi de profondes mutations et, surtout, des réformes fondamentales de l'éducation et de l'enseignement, de la santé et de la justice sociale. Tout compte fait, le Covid-19 n'aura pas eu qu'une dimension tragique et surtout cette seule triste réalité d'avoir emporté des vies et mis à bas notre économie. Il nous aura inclinés à cette autre inflexion tangible: le face-à-face avec nous-mêmes, une auto-révision déchirante, la rupture avec de vieux réflexes et d'archaïques modes de pensée, enfin la résignation assumée que le monde tel que nous l'avions connu et vécu avant la pandémie – sauf à cultiver une lumineuse et ruineuse illusion – ne reviendra pas, à tout le moins de sitôt. La perception de l'inanité du monde est donc dans ce cloisonnement et de confinement de la pensée et du monde. S'y sont greffées ou glissées, je veux dire dans cet entrelacs de va-et-vient d'hypothèses et de scénarios, les uns plus audacieux que les autres, quelques nouvelles vérités dont il convient de dire qu'elles nous interpellent. La richesse comme la pauvreté ne seront plus perçues de la même manière qu'il y a seulement quelques mois. La puissance des Etats, fussent-ils de dimension planétaire, n'a plus le même poids, elle s'incline devant un «nanovirus» en train de dicter sa loi et de nous réduire à sa merci. Enfin, la conviction nonchalante que tout allait de soi est désormais battue en brèche, détruite même pour ne pas nous inviter à plus de modestie et d'humilité. Quand bien même, quelques inconscients persisteraient à croire et faire accroire que tout reviendrait comme avant, cette furibarde propension à tout croquer et brûler, de son œil stellaire, le minuscule virus nous surveillera, logé là où nous ne l'attendrions jamais, autrement dit proche et lointain à la fois, guettant nos faux pas, nous menaçant tout simplement, se jurant de revenir et mettre en péril nos certitudes et notre civilisation. Notre pays, ce Maroc plus que millénaire, si cher, n'aura donc pas cédé, ni à la tentation de sacrifier son économie entièrement, ni à prendre le contrecoup de mettre en danger la santé de ses citoyens, dont la valeur a été estimée sur une échelle humaine jamais aussi élevée. Nous le devons à la clairvoyance habituelle du Roi Mohammed VI. Or, il n'y a pas que cette lucidité raisonnée dont il a fait preuve dès le déclenchement de la pandémie – alors qu'on en parlait encore et uniquement en termes d'épidémie. Il y a surtout la dimension de l'Homme, à proprement parler, essentielle chez le Souverain qui préside à son action, le souci radical d'échapper au dilemme – que l'on dirait cornélien – , cette volonté irrépressible de mettre en avant pour la défendre à tout prix la vie de son peuple. Attentif, veillant sur les premiers signes de l'épidémie comme pour le lait sur le feu, le Roi a anticipé – et le mot est peu – , il a pris la décision de mobiliser les moyens de l'Etat, ceux du secteur privé – bancaire notamment – institutionnel, imposé les mécanismes adéquats pour le suivi, l'encadrement , la prise en charge des démunis – et Dieu sait qu'ils sont très nombreux – , en un mot comme en cent, le Roi s'est impliqué personnellement comme aucun autre ne l'a fait. Le Roi, on ne cessera jamais de le souligner a pris la casquette de «chef de guerre», à pied d'œuvre, en permanence mobilisé et sur le front de la lutte contre le Covid-19. Il nous restera ces images illustratives ayant émaillé ce front de guerre royal, mené avec son peuple, cette fermeté radicalisée de jour en jour qui, d'un report de déconfiment à un autre, donne la mesure à la fois de l'enjeu et du défi relevé. Là où d'aucuns et non des moindres chefs d'Etat de grands pays, ont cru agiter un «papillotement de simulacres», Mohammed VI s'est débarrassé des rhétoriques et a attaqué de front le Covid-19, s'imposant à lui-même et à ses enfants la règle : autrement dit le masque, la distanciation sociale – ce cher mot inventé il y a des lustres par le dramaturge allemand Bertold Brecht. Mohamed VI a inventé même une éthique pour nous, celle du triomphe modeste. Mohammed VI nous a défendus contre la Covid-19 et nous en a libérés de son spectre. C'est aux confins d'une irréductible volonté politique et de l'invention d'une nouvelle pratique de l'engagement qu'il faut aujourd'hui situer Mohammed VI, fait de pudeur, de discrétion et d'humilité. La Monarchie qu'il incarne, celle qui est consubstantielle à notre histoire et à notre mémoire, qui coule dans notre sang et nous éclaire par sa lucidité, qui éclaire le sens de nos vies et nous donne aujourd'hui le ferme exemple de résistance, demeurera le rempart inexpugnable pour relever ce nouveau défi. Le «Jour d'après» – puisqu'il faut sacrifier à ce slogan irénique – s'inspirera de cette nouvelle morale de l'engagement, du respect de soi et de l'Autre