Il suffit d'observer la sur-réaction du régime algérien, de ses médias et de ses influenceurs sur les réseaux sociaux pour comprendre l'immense fausse joie qu'a provoquée la décision de la Cour de justice européenne d'invalider deux accords commerciaux liant l'Union européenne au Royaume du Maroc, sous prétexte que les produits en provenance du Sahara marocain doivent bénéficier d'un étiquetage particulier indiquant qu'ils proviennent d'une zone non autonome dont la population n'a pas été consultée. À voir l'excitation des médias du régime algérien, on acquiert la fausse impression que les pays de l'Union européenne vont bientôt reconnaître l'indépendance de « la République arabe sahraouie » et que ces pays vont ouvrir leurs ambassades à Tindouf. Or, il n'en est rien. Il s'agit d'un simple accident de parcours que la diplomatie marocaine avait déjà prévu et anticipé. Combien de fois, profitant de la visite de hauts responsables européens à Rabat, la diplomatie marocaine a-t-elle insisté sur l'impérieuse nécessité de sanctuariser la précieuse relation entre le Maroc et l'Union européenne ? Le Maroc a depuis longtemps pris conscience de l'existence de ces forces de nuisance, payées rubis sur ongles par le régime algérien, qui tentent d'exploiter toutes les opportunités pour empoisonner les relations entre l'Union européenne et le Maroc. Ces arguties juridiques portées par la Cour de justice européenne peuvent, en apparence, provoquer des malaises, mais ne changent rien de fondamental dans la relation des pays de l'Union avec le Maroc. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si les plus hautes autorités de Bruxelles, ainsi que de nombreux pays, dont la France, chacun à sa manière et avec ses propres mots, se sont précipités pour souligner leur soutien à la souveraineté du Maroc sur ses provinces. D'ailleurs, le Maroc a raison d'affirmer qu'il n'est pas concerné par cette affaire dont il ne faisait partie ni de la procédure ni du processus de consultation. Aujourd'hui, plus que jamais, s'impose aux institutions européennes la nécessité absolue d'harmoniser les postures à l'égard d'une affaire aussi cruciale pour la paix et la stabilité régionale que celle du Sahara marocain. Du point de vue de Rabat, les pays européens ne peuvent à la fois exprimer des positions individuelles de soutien à la souveraineté du Maroc sur son Sahara et laisser quelques institutions européennes, notamment cette fameuse Cour de justice européenne, brouiller le message et mettre en péril les intérêts de l'Europe dans cette région. D'ailleurs, la diplomatie marocaine a déjà formulé la solution à ce qui peut s'apparenter à une impasse ou à une contradiction européenne sur cette question cruciale du commerce avec le Maroc. Rabat ne signe et ne valide aucun accord d'association économique et politique avec quelque partenaire que ce soit, si ledit accord ne prend pas en intégralité l'ensemble du territoire marocain. Cette règle de conduite va s'appliquer en urgence sur les accords commerciaux signés avec les pays européens. Il est à parier que l'application stricte de cette règle, qui suppose une capacité marocaine à diversifier ses partenaires commerciaux et à trouver des débouchés alternatifs pour ses produits, posera davantage de complications pour les autorités de Bruxelles que pour le Maroc, sûr de son droit et droit dans ses bottes sur la pertinence de ses exigences de souveraineté. L'Union européenne se rend compte que sa Cour de justice est en train de naviguer à contre-courant de la dynamique de l'histoire et de la diplomatie internationale. Au moment où les grands acteurs de la communauté internationale valident, sous le toit des Nations unies, l'option de l'autonomie comme solution à cette discorde régionale artificiellement entretenue par le régime algérien, au moment où les pays clés de cette union, comme l'Espagne, la France et l'Allemagne, pour ne citer que ceux-là, engagent leurs choix diplomatiques en soutien à la souveraineté du Maroc sur son Sahara, une des institutions de cette architecture européenne, la Cour de justice européenne, prend le risque d'affaiblir cette dynamique européenne. La balle est aujourd'hui dans le camp de ces pays européens qui doivent veiller à mettre en harmonie leurs positions politiques défendant leurs intérêts et la posture militante et politicienne d'une de leurs structures chargées de dire le droit européen et non de décider de ces choix et alliances politiques.