Le président américain Donald Trump a signé jeudi un décret exécutif visant à accroître la capacité du gouvernement à réglementer les plateformes de médias sociaux, dans ce qui constitue une escalade de sa querelle de longue date avec la Silicon Valley qu'il accuse de parti pris anti-conservateur. L'ordre exécutif signé par le président américain cible particulièrement l'article 230 du Communications Decency Act, une loi qui accorde aux sites-web une immunité juridique pour le contenu publié par des utilisateurs tiers tout en leur permettant de modérer eux-mêmes leurs plates-formes. S'exprimant devant la presse au Bureau Ovale, M. Trump a affirmé que cet ordre supprimerait la protection accordée aux entreprises qui censurent le contenu, exige du département de la Justice de travailler avec les Etats pour élaborer des réglementations tout en garantissant qu'aucun financement gouvernemental ne soit donné aux entreprises qui répriment la liberté d'expression. « Nous sommes ici aujourd'hui pour défendre la liberté d'expression contre l'un des plus grands dangers », a déclaré M. Trump aux journalistes, accusant les réseaux sociaux d'avoir « un pouvoir incontrôlé » pour censurer et restreindre l'interaction humaine. Cet ordre est susceptible d'être contesté devant les tribunaux. Interrogé jeudi sur cette possibilité, le locataire de la Maison Blanche a répondu: « Je suppose que cela va être contesté devant les tribunaux, mais qu'est-ce qui ne l'est pas? ». Cette nouvelle démarche marque une escalade de la part du président américain dans son bras de fer avec les entreprises technologiques alors qu'elles luttent contre le problème croissant de la désinformation sur les réseaux sociaux. M. Trump a régulièrement accusé des sites de censurer les discours conservateurs. Twitter a suscité mardi la colère de Trump lorsque le réseau social a qualifié de « potentiellement trompeurs » deux de ses messages. « Twitter s'ingère désormais dans l'élection présidentielle de 2020. […] Twitter étouffe complètement la liberté d'expression et, en tant que président, je ne le permettrai pas! « , a réagi le président américain avec véhémence sur la même plateforme où il compte 80 millions followers. C'est la première fois que ce médium de communication préféré du Locataire de la Maison Blanche place ainsi un avertissement sur deux de ses tweets où il affirmait notamment que le vote par correspondance était « substantiellement frauduleux ».