A l'heure du tout numérique, d'internet et des réseaux sociaux, les journalistes n'ont plus le monopole de la transmission de l'information et le fact-checking est l'un des moyens de se démarquer pour les médias, fait savoir Laurent Bigot, journaliste et maître de conférences en Sciences de l'information et de la communication. « Aujourd'hui, les journalistes n'ont plus le monopole de la transmission de l'information et le seul moyen de se différencier est a priori un travail de vérification approfondie », a confié M. Bigot à la MAP, soulignant que c'est un nouveau style médiatique lié à l'émergence d'internet et des réseaux sociaux. Cette vérification permet « de capter davantage de lecteurs et espérer vendre l'information mise à la disposition des lecteurs », a-t-il dit, tenant à rappeler que le Fact-checking est un travail de vérification de l'information qui a démarré aux Etats-Unis et s'est répandu dans le monde à travers le « Fact checking politique ». Le Fact-checking s'est ensuite étendu à plusieurs domaines, essentiellement la vérification de l'information douteuse et transmise sur internet et par les réseaux sociaux, a relevé M. Bigot, qui est également directeur de l'Ecole publique de journalisme de Tours (EPJT). Et pour cause, les plateformes (google, Facebook, etc) ont souhaité mettre des moyens pour essayer de se « racheter une crédibilité de nombreuses fausses informations qui ont été relayées » sur la toile. Pour cet expert en Fact-checking, « c'est là où réside la vraie valeur-ajoutée du journalisme ». « Il y a les reportages, les interviews, les portraits et les genres journalistiques classiques (..), mais avec une dimension plus forte de vérification au sein de ce travail », a tenu à préciser ce journaliste. Fact-cheking, un luxe pour les rédactions ! Certaines rédactions considèrent que c'est un luxe dans le sens où il faut mobiliser des ressources humaines pour le faire, a-t-il souligné, faisant savoir, toutefois, qu'il s'agit simplement de la condition de leur survie dans la mesure où toutes celles qui n'en font pas, « devront trouver une autre valeur-ajoutée » dans l'originalité des sujets et dans l'exclusivité des informations ainsi que dans la vérification. « C'est donc une des conditions et des activités monéables utiles à leur survie », estime M.Bigot. Pour faire face aux flux des « Fake News » sur les réseaux sociaux, cet expert incite les journalistes et les instances de presse à faire un travail accru d'éducation aux médias. « Les internautes sont en quelques sorte des victimes des réseaux sociaux, dans la mesure où les informations qui leurs parviennent coïncident soit avec leurs goûts ou leur façon de penser ou les médias qu'ils ont l'habitude de consulter », a-t-il renchéri. Par conséquent, les abonnés des réseaux sociaux s'enferment dans des façons d'accès à l'information qui ne permettent pas d'accéder à des informations nouvelles ou contradictoires, donc liées à un fonctionnement technique qu'il faut comprendre et contourner, a prévenu M. Bigot, auteur d'un ouvrage intitulé « Fact-Cheking vs Fake News, vérifier pour mieux informer », publié en septembre 2019 aux éditions INA. Un vrai travail journalistique de sélection et hiérarchisation des informations doit être fait et un serveur informatique de la « Silicon Valley » aux Etats-Unis ne doit pas hiérarchiser « pour vous ce que vous avez l'habitude d'aimer ou ce que vous avez l'habitude d'apprécier ou de penser », a conclu le membre de l'équipe de recherche PRIM (Pratiques et Ressources de l'information et des Médiations) de l'Université de Tours.