Au Maroc, comme partout ailleurs, nous avons cette tendance de tracer des plans sur la comète après chaque élection ou le changement de pouvoir dans les pays qui nous sont proches ou qui nous intéressent directement. Le cas des Etats-Unis d'Amérique en est l'illustration parfaite, et l'élection du nouveau président en est l'exemple. Les Marocains qui se sont intéressés à cette élection, qui ont suivi son déroulement passionné et parfois violent, ont pour la plupart d'entre eux fondé leur espoir sur Hillary Clinton, et se sont laissé berner par la magie des sondages trompeurs et désastreux. Personne ne saura nous expliquer, encore moins nous convaincre de ce choix et de cette préférence pour la candidate du parti démocrate. Se justifie-t-il du fait qu'elle est une femme, qu'elle aurait des accointances avec le Maroc comme on nous l'a tant dit et redit ? Un sondage marocain – donc un sondage dans celui qui a coûté cher à Hillary Clinton – a cru annoncer que plus de 70% de nos concitoyens ont donné cette dernière victorieuse. Le vote ayant porté au pouvoir Donald Trump plutôt que sa rivale, beaucoup ont avalé leur chapeau. Celui qui a tant effrayé le monde entier par ses déclarations tonitruantes et ses positions anachroniques, sera donc le 45ème président des Etats-Unis , républicain jusqu'au bout des ongles, proclamé comme un ségrégationniste affiché, partisan du pouvoir blanc et excommunicateur des noirs, des arabes, des musulmans et des Mexicains contre lesquels il a annoncé ériger un immense mur à la frontière...Les sobriquets et les images, frisant parfois la caricature, ont abondamment illustré les débats tout au long de ces derniers mois, appuyés sur les sondages qui, encore une fois, ont travesti la réalité. Le Maroc a constamment été attentif et plus qu'enclin à suivre cette élection majeure. Les relations avec les Etats-Unis d'Amérique se sont inscrites depuis 60 ans une continuité qui ne s'est jamais départie de sa constance : la fidélité. Le Royaume du Maroc était considéré comme « L'Allié des alliés », auréolé d'une gloire militaire aux yeux des dirigeants américains pendant et après la Deuxième guerre mondiale qui avait vu les soldats marocains combattre, avec bravoure, aux côtés des Européens et des Américains au nom de la liberté. Le Royaume du Maroc a été l'un des tout premiers pays à reconnaître la jeune République américaine après sa naissance en 1777. Le Sultan Mohammed III, dit Ben Abdallah, John Adams, président des Etats-Unis et Thomas Jefferson, vice-président et rédacteur de la Constitution américaine, avaient signé le fameux Traité maroco-américain qui a scellé depuis lors l'amitié entre les deux pays. Quant à Georges Washington, fondateur de la première République, il avait procédé avec Mohammed III à un échange de correspondances après que ce dernier eut sollicité le soutien du Maroc pour libérer les bateaux américains arraisonnés par la marine de Turquie en Méditerranée. L'intervention marocaine connut le succès escompté et les liens avec la jeune Amérique se consolidèrent depuis lors. Après l'indépendance du Maroc en 1955-1956, Maroc et Etats-Unis décidèrent de resserrer leurs liens, notre pays s'étant d'emblée aligné dans la tradition libérale, donc dans le choix atlantique incarné par les Etats-Unis et l'économie libérale. La coopération maroco-américaine est allée se renforçant dans un monde devenu bipolaire, dominé par la Guerre froide et la rivalité américano-soviétique. Le Maroc constituait un pilier stratégique de la diplomatie américaine voire occidentale en Afrique du nord, au monde arabe et en Méditerranée. C'est si vrai que le président Dwight Eisenhower, d'obédience républicaine, entreprit en décembre 1959 une visite officielle au Maroc sur invitation de feu Mohammed V, marquée par un échange où les deux chefs d'Etat avaient jeté les bases d'un partenariat multiforme. Quatre ans plus tard, en mars 1963, John Kennedy, président démocrate des Etats-Unis réserva un accueil chaleureux à feu le Roi Hassan II. L'amitié maroco-américaine retrouva ses marques et ira en se consolidant tout au long des années qui suivront. Le Roi Hassan II cultiva une relation particulière avec Ronald Reagan, qui fut élu en 1980 sur la base d'un programme populiste , similaire à celui que défend Donald Trump : baisse considérable des impôts, protectionnisme et mobilisation pour le thème nationalitaire de « First America » ! De la même manière qu'il fut aussi proche d'un George Bush sénior, dont la sagesse – aux antipodes de son fils – fut de veiller à l'amitié maroco-américaine. Avec Bill Clinton, démocrate, le Roi Hassan II partageait une vision commune pour oeuvrer à une solution pacifique au Moyen Orient et la reconnaissance des droits du peuple palestinien. L'avènement du Roi Mohammed VI s'est d'emblée inscrit dans une continuité politique et diplomatique, certes, mais avec cette nuance que la vision royale se veut sans concession, marquée au sceau de la rigueur et la célérité. Mohammed VI a rencontré aussi bien le couple des Clinton, à plusieurs reprises , que Georges Walter Bush et Barack Obama. Il a, comme on dit, renforcé son propre réseau et s'est imposé comme le Roi réformateur, le bâtisseur du nouveau Maroc et le pragmatique animé par une heureuse dualité : regarder loin, mais agir ici , maintenant. Tant et si bien que l'arrivée à la Maison Blanche de Donald Trump ne saura en quoi que ce soit modifier la donne ! L'entente avec les Républicains des Etats-Unis est une réalité d'autant plus incontournable que, dans l'affaire du Sahara marocain en l'occurrence, notre pays s'est constamment heurté aux manigances de certains démocrates qui, non contents de soutenir une certaine Kerry Kennedy , présidente de la Fondation qui porte le même nom, incitent également une Suzan Rice ou celle qui l'a remplacée au Conseil de sécurité, Samantha Power à imposer le polisario aux Nations unies, au mépris de la Charte qui les régit...Ce même polisario dont Trump a dit que c'était des terroristes...