Près de 58 millions d'électeurs turcs seront appelés aux urnes, dimanche, pour élire leurs représentants au niveau local avec une attention particulière pour les trente municipalités métropolitaines qui constituent le cœur économique du pays. Au total, douze formations dont le Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir), son allié le Parti du mouvement nationaliste (MHP), le Parti républicain du peuple (CHP, opposition), en plus du Parti démocratique des peuples (HDP), le Parti de la félicité (SP), le « Parti de la gauche démocratique » (DSP) et « le Bon Parti » (IYI) participent au scrutin. Ces échéances, les premières du genre depuis la transition vers le système présidentiel, sont marquées par le souhait de l'AKP de continuer à gérer le pays aux niveaux local, gouvernemental et présidentiel, et la volonté des partis de l'opposition qui mobilisent leurs forces en vue de revenir sur la scène politique et de mettre fin au cycle des victoires électorales du parti au pouvoir depuis 2002. Selon les observateurs de la scène politique turque, les formations politiques considèrent ce scrutin comme « une véritable bataille » qui devrait être très forte en particulier dans les grandes villes comme Ankara et Istanbul eu égard à leur dimension politique et stratégique. Ils soutiennent que l'AKP a plus de chance de remporter Istanbul, qui compte plus de 15 millions d'habitants soit 20 pc du corps électoral qui dépasse 57 millions électeurs, ainsi que la ville d'Ankara. Quant à l'opposition, elle dominera à Izmir, indiquent les analystes, notant que le candidat du parti au pouvoir à Istanbul, Binali Yildirim, est «un candidat de grand calibre ». → Lire aussi : Les élections à Istanbul, une course décisive pour tous les scrutins en Turquie L'AKP mise notamment sur la logique d'investir à des fins électorales son bilan des réalisations accomplies, au moment où l'opposition souligne que l'AKP a échoué à résoudre la crise économique et à gérer les dossiers de la politique étrangère particulièrement la question des réfugiés et le coût entrainé par la gestion de la crise syrienne. D'autres analystes, rappellent que l'AKP a bâti l'essentiel de son succès électoral sur la réussite de l'économie depuis 17 ans, faisant observer toutefois que cette question est devenue « son talon d'Achille pour ce scrutin ». L'économie turque est en effet entrée en récession pour la première fois depuis 10 ans et l'inflation, alimentée par l'affaissement de la livre turque, a durement frappé les consommateurs au porte-monnaie, en particulier dans le secteur de l'alimentation. Les électeurs dépasseront dans leur choix la qualité des services de base fournis pour focaliser sur des problèmes plus importants comme la sécurité, la lutte contre la corruption et l'amélioration de la situation économique, estiment les analystes. Ils estiment également que le taux d'abstention sera élevé du fait des élections successives organisées par le pays et de la nature des alliances scellées entre les partis politique ce qui pourraient provoquer un manque de visibilité chez les électeurs, rappelant que les sondages font état d'un taux d'abstention pouvant atteindre jusqu'à 20 pc. Alors que l'élection suivante est prévue en 2023, dimanche conclura un cycle électoral, avec huit scrutins en cinq ans, qui a profondément polarisé la Turquie, rappellent les observateurs de la scène politique turque.