L'organisation internationale de défense des droits humains, Amnesty International (AI, basée à Londres), a attiré l'attention sur la situation alarmante qui sévit dans les camps de Tindouf où la junte militaire du "polisario" continue de détenir des milliers de personnes contre leur gré dans des camps de séquestration sur le territoire algérien. L'organisation, qui a publié jeudi son rapport sur l'état des droits de l'homme dans le monde, a notamment relevé dans ce document l'impunité dont jouissent les membres du "polisario". Elle a notamment souligné qu'"aucune mesure n'a été prise pour mettre fin à l'impunité dont bénéficient ceux accusés d'avoir commis des atteintes aux droits humains dans les camps". Le constat établi par Amnesty International rejoint celui fait par plusieurs organisations internationales et rappelle la situation déplorable dans laquelle se trouve la population séquestrée, laquelle situation est instrumentalisée par les dirigeants du "polisario" et leurs mentors algériens. Ces derniers détiennent en otage les populations séquestrées pour servir leurs desseins, déjà dénoncés. Le célèbre chercheur britannique et grand expert de la région nord-africaine, George Joffe, a relevé de manière éloquente cette instrumentation, soulignant que "les Algériens instrumentalisent la question du Sahara pour servir leurs propres intérêts". "Cette instrumentalisation devra se poursuivre jusqu'à ce que des changements importants interviennent en Algérie", a dit ce professeur de l'université britannique de Cambridge, tout en faisant état de "frustration à cause de l'échec de l'Algérie de répondre favorablement aux initiatives entreprises par le Maroc en vue de trouver une solution à cette question". L'Algérie et ses protégés séparatistes n'ont eu de cesse de multiplier les tentatives désespérées pour faire échouer tout effort sérieux et honnête de parvenir à un règlement à ce conflit qui freine le processus d'intégration dans la région maghrébine. Ces tentatives n'ont qu'un seul but, à savoir saboter l'élan créé par l'initiative d'autonomie présentée par le Maroc pour régler ce conflit artificiel dans le cadre de sa souveraineté et son intégrité territoriale. Le monde entier a pris acte de la position du Conseil de sécurité de l'Onu qui a qualifié de "sérieuse et crédible" la proposition marocaine, au moment où les adversaires de l'intégrité territoriale du Royaume campent toujours sur des positions obsolètes. Parmi ces positions figure le refus catégorique de l'Algérie de répondre aux appels lancés par l'Onu, par le biais de son Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), d'effectuer un recensement des populations des camps de Tindouf. Un tel refus s'explique par l'exploitation de la situation des réfugiés par le polisario comme moyen de renflouer les comptes de ses dirigeants à l'étranger, au mépris des règles de justice et du droit humanitaire international. Par ailleurs, le constat d'impunité établi par Amnesty International au sujet de la situation dans les camps de Tindouf s'applique également à l'Algérie elle-même. AI s'est insurgée, dans son rapport 2010, contre ce qu'elle a qualifié d'"institutionnalisation" de l'impunité en Algérie, tout en dénonçant les violations continues des droits de l'homme dans ce pays. Les mesures, prises par les autorités algériennes dans le cadre du processus de "réconciliation nationale", "institutionnalisent l'impunité pour les atteintes massives aux droits humains commises dans le cadre du conflit interne des années 1990 et qui privent les victimes de leur droit de connaître la vérité, obtenir justice et recevoir une réparation appropriée", a dit AI. Le directeur chargé de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du nord au sein d'Amnesty International, M. Malcolm Smart, a déploré, dans une déclaration en marge de la présentation du rapport de son organisation, le manque de coopération des responsables algériens, y compris au sujet de la situation dans les camps de Tindouf. "Nous n'avons pas un accès facile en Algérie", a dit M. Smart, faisant état d'"importantes questions que l'organisation veut débattre au sujet de la situation des droits de l'homme dans ce pays". Si cet esprit d'obstination de l'Algérie a été épinglé, celui d'ouverture dont le Maroc a toujours fait preuve, a été salué par le même responsable. "Le Maroc fait montre d'un esprit d'ouverture par rapport à d'autres pays de la région", a dit M. Smart, soulignant "les relations constructives" qu'AI entretient avec le Maroc.