Un colloque international sur le thème "genre et interculturalité" s'est ouvert, jeudi à Fès, par une série de témoignages rendant hommage aux universitaires Moha Ennaji et Fatima Sadiqi pour l'ensemble de leurs oeuvres et leurs actions en matière de rapprochement, d'ouverture et de dialogue. "Ils ont tout fait pour que Fès reste la cité de la spiritualité ouverte sur son environnement et le monde extérieur", a affirmé M. Mohamed Kabbaj, président de la Fondation Esprit de Fès, que Mme Sadiqi a dirigée entre 2007 et 2009. Il a également reconnu que c'est à M. Ennaji que revient l'initiative du festival de la culture amazighe, organisé depuis 2005 en partenariat avec l'Association Fès-Saïss, ajoutant que c'est grâce à de tels pionniers que la capitale spirituelle du Royaume va retrouver son rayonnement. M. Kabbaj a également salué en eux l'amour de la patrie et leur attachement à leur identité, loin de tout dogmatisme ou cloisonnement. Les deux intellectuels, a-t-il noté, ont toujours fait preuve d'ouverture, étant convaincus que l'identité marocaine est fondée sur des valeurs communes issues d'un brassage culturel, ethnique, social et historique intégrant les diverses composantes amazighe, arabe, andalouse et africaine. Au plan international, les deux universitaires partagent également les mêmes idéaux, en soulignant la nécessité pour la communauté internationale de promouvoir le dialogue des civilisations et les valeurs de coexistence et de respect, ont indiqué tour à tour une représentante de l'ambassade des Etats Unis au Maroc et le directeur de l'Institut Cervantès à Fès. L'ambassade américaine est "fière de s'associer à cette rencontre organisée à Fès en hommage aux universitaires anglophones Fatima Sadiqi et Moha Ennaji", a indiqué la diplomate américaine. Pour sa part, le président de l'université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, M. Farissi Esserhini, a indiqué que son établissement a décidé d'apporter son soutien à cette rencontre en hommage aux deux universitaires pour "asseoir les bases d'une culture de reconnaissance à l'égard de son personnel enseignant" pour le rôle qu'il joue dans le rayonnement de l'université au niveau national et international. C'est pourquoi, l'université a fait sienne cette initiative visant à honorer deux universitaires qui représentent en fait "les deux faces d'une même pièce en or pur", a-t-il dit, rappelant qu'ils ont enrichi la bibliothèque universitaire par de nombreuses publications dans divers domaines et lancé de nouvelles filières universitaires. Moha Ennaji est professeur de linguistique à l'Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès et directeur de la revue internationale "Langues et Linguistique" paraissant au Maroc depuis 1998. Il est l'auteur de plusieurs articles et ouvrages sur l'identité culturelle, la langue, l'éducation, l'immigration et la société civile. Fatima Sadiqi est également professeur à l'Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès. Elle a publié une série d'ouvrages sur la linguistique, dont "Studies in Berber Syntax the Complex Sentence", édité par la Maison allemande Konigshaussen & Neumann. Son intérêt porte aussi sur la morphosyntaxe de l'Amazighe et la question du genre au Maroc et dans le monde arabe, sujets auxquels elle a consacré plusieurs publications. Pour ce qui est du colloque "genre et interculturalité", organisé par la faculté des lettres et des sciences humaines de Dhar El Mehraz, en partenariat avec l'ambassade des Etats Unis au Maroc et la Commission maroco-américaine pour l'échange éducatif et culturel, il se propose de débattre des approches théoriques et pratiques du genre et de l'interculturel, de la cohésion sociale face à la diversité culturelle et de l'évolution des concepts "genre" et interculturalité", avec la participation d'académiciens, d'activistes et de décideurs politiques du Maroc et d'autres pays de l'Afrique du Nord, d'Europe et des Etats Unis d'Amérique.