Le célèbre comédien franco-marocain, Roschdy Zem portera au grand écran l'Affaire Omar Reddad, le jeune jardinier marocain condamné en France pour le meurtre, en 1991, de sa patronne et qui continue de clamer son innocence, a annoncé samedi à la MAP le producteur du film, Rachid Bouchareb. Envoyée spéciale : Amal Tazi "Omar m'a tuer" sera le titre de cette adaptation du livre du même titre de Omar Reddad, a précisé, dans un entretien à la MAP, Bouchareb dont le film "Hors-la-loi" est en compétition officielle au Festival international du cinéma de Cannes (12-23 mai). Le tournage a déjà commencé dans la région niçoise, lieu du drame, et devra se poursuivre à Paris, a indiqué ce cinéaste fervent défenseur "d'un cinéma maghrébin fort et uni". Le rôle d'Omar Reddad sera interprété par l'acteur d'origine tunisienne Sami Bouajila, connu pour sa prestation dans le film "Indigènes" du même Bouchareb, aux côtés de Roschdy Zem et de Jamel Debbouz. Avec l'affaire Reddad, Roschdy Zem signe son deuxième film en tant que réalisateur après son premier long métrage "Mauvaise Foi" (2006). Ce fils d'immigrés marocains originaires de Skoura, près de Ouarzazate a joué sous la direction d'illustres noms du cinéma français tels André Téchiné ou Patrice Chéreau et donné la réplique à de non moins célèbres acteurs tels que Gérard Depardieu ou son compatriote Gad El Maleh. Sa notoriété en tant que comédien est acquise depuis sa double nomination aux Césars (les Oscars du cinéma français) et sa consécration au Festival de Cannes remonte à 2006 où il a décroché le prix d'interprétation masculine avec les autres acteurs du film "Indigènes". Il retrouve d'ailleurs ses compères d'Indigènes, Sami Bouajila et Jamel Debbouze dans le nouveau film de Bouchareb "Hors-la-loi", en compétition officielle à Cannes sous les couleurs de l'Algérie. Le film a suscité de violentes réactions avant sa sortie et sa projection vendredi à Cannes a amplifié la controverse en France sur sa version des massacres de Sétif qui ont coûté la vie à de milliers d'algériens, le 8 mai 1945, après la répression d'une manifestation par l'armée française. Ses détracteurs, des vétérans de la guerre d'Algérie (1954-1962) et des Harkis (supplétifs algériens de l'armée française) ainsi que des élus de la droite ont manifesté contre ce film qui est, selon eux, "pro FLN et assimile l'armée française aux SS et la police française à la Gestapo". Rachid Bouchareb n'a pas cessé d'expliquer que son film n'était ni partial, ni complaisant avec le FLN algérien du temps de la guerre. "Le film est destiné à ouvrir un débat, ce n'est pas un champ de bataille. Le spectateur verra bien que mon film n'a aucune animosité contre la France". Le film s'ouvre sur les massacres de Sétif dont le nombre de tués divise les historiens, mais raconte surtout l'histoire de trois frères algériens chassés de chez eux et déterminés à reconquérir un jour leur pays. Installés près de Paris, deux rejoindront la branche armée du FLN en région parisienne tandis que le troisième tombe dans le milieu des voyous. Les liquidations d'algériens par le FLN en France y est évoqué ainsi que ses méthodes violentes. "Je montre mon personnage principal sous un aspect violent et monstrueux. Il n'y a pas de complaisance", s'est encore défendu Bouchareb devant la presse. Après "Indigènes" qui a ému le président français de l'époque Jacques Chirac et l'a poussé à valoriser les pensions des anciens combattants maghrébins pour la libération de la France, Bouchareb s'attaque à l'histoire coloniale de son pays d'origine. Le troisième et dernier volet de sa trilogie sera consacré cette fois à "50 années d'émigration africaine en France", avec "toujours la même équipe".