Le pavillon marocain au Festival international du cinéma de Cannes (12-23 mai) devra être perçu comme "un acquis pour le cinéma national" et comme un "pont vers le marché européen principalement", a souligné, M. Noureddine Sail, directeur général du Centre cinématographique marocain (CCM). -Envoyée spéciale : Amal Tazi. Ce stand au village international du festival de Cannes, a rendu de "très grands services au cinéma marocain, tant au niveau de la notoriété internationale ou de la visibilité, qu'au niveau de l'évolution des contacts avec les professionnels internationaux et européens en particulier (distributeurs, chaînes de télévisions, producteurs)", a-t-il expliqué dans entretien à la MAP. Avec quelque 10.000 participants et 400 sociétés exposantes de 97 pays, le Festival de Cannes est le plus vaste marché du film au monde, où se négocient les droits d'exploitation de près de 4.000 films finalisés ou en projet. La participation marocaine est donc une opportunité pour les professionnels nationaux, producteurs en particulier, "aussi bien pour montrer et vendre leurs produits que pour trouver les accointances nécessaires avec leurs homologues du festival afin de monter ensemble des coproductions", a précisé M. Sail, également président de la Ouarzazate Film Commission (OFC) qui anime avec le CCM le pavillon marocain. L'OFC a été créé en 2008 à l'initiative du CCM et du conseil régional de Souss Massa Drâa, dans l'objectif de promouvoir la région au point de vue cinématographique et de faciliter l'accueil des tournages à Ouarzazate. -PROMOTION DU MAROC ET DE SON CINEMA- Les deux instances cherchent ainsi à faire du pavillon marocain une plate-forme pour placer le produit cinématographique Maroc et le cadre marocain du cinéma comme "un espace à la portée de la production internationale", selon M. Sail. Le Maroc participe depuis 2006 au festival de Cannes, à travers son pavillon au village international, dans la perspective de renforcer sa présence sur le marché international du film. Les visiteurs y ont droit à d'amples explications sur l'évolution du cinéma national, les nouveaux films réalisés, ainsi que sur les opportunités de tournage au Maroc (paysages, facilités administratives, techniciens de qualité etc. ). Prospectus, DVD, projections audiovisuelles, tous les moyens de communication sont mis à contribution pour assurer unu bonne présentation de l'offre cinématographique marocaine et faire, par la même occasion, la promotion de la destination Maroc sur le plan touristique en capitalisant sur l'attractivité de Ouarzazate, destinée à devenir le "leader des lieux de tournage en Afrique". Pour M. Sail, la rentabilité du pavillon marocain par rapport à ces objectifs est "déjà avérée". "C'est un investissement sur le temps, une anticipation", a-t-il dit. Réaliste, le patron du CCM est convaincu que lorsqu'on fait une fois le festival de Cannes, "il ne faut pas s'attendre l'année d'après à voir déjà les gens venir tourner dans le pays ou acheter ses produits". Selon lui, c'est en créant "une habitude vis-à-vis des fidèles de Cannes, avec le pavillon marocain et les produits marocains, les hommes et professionnels marocains", que cet objectif pourrait être atteint et "c'est ce que nous essayons de faire". Outre la promotion de sa production annuelle de films (une quinzaine actuellement), le cinéma marocain cherche ainsi à montrer, à travers le festival de Cannes, que le Maroc est "ouvert aux productions internationales, avec des règles extrêmement simples", mais dans le respect des contraintes cinématographiques en vigueur partout dans le monde, a poursuivi M. Sail. -REACTIVITE ET EFFICACITE- Le Maroc, a-t-il relevé, mise sur "la réactivité et l'efficacité", conditions sine qua non, selon lui, pour attirer les productions internationales que plusieurs veulent tourner dans un pays arabe. Eu égard à ses atouts en la matière (administration cinématographique efficace et rapide dans ses décisions, techniciens de haut niveau, paysages etc.), le Royaume est "très avantageux par rapport à la concurrence", estime le directeur général du CCM. Plusieurs professionnels internationaux, dont une douzaine de producteurs britanniques, ont exprimé lors de cette édition leur volonté de monter des coproductions ou de tourner au Maroc, "ce qui est rare pour un pays arabe", selon le CCM. Par rapport aux deux autres puissances cinématographiques africaines, l'Egypte et l'Afrique du Sud, qui, comme le Maroc, essayent de produire un maximum de films, "notre avantage est de jouer la carte internationale" en s'incrustant dans des festivals prestigieux (Cannes, Berlin, Venise) mais également en attirant les grandes cinématographies, en particulier vers le rendez-vous annuel du Festival international du film de Marrakech (FIFM), a expliqué M. Sail. -LE FIFM, ARGUMENT DE VENTE DE LA CINEMATOGRAPHIE MAROCAINE- Le FIFM, qui au bout de dix ans a su avoir un impact "réellement positif" aussi bien sur la promotion de la destination Maroc que de son cinéma, constitue d'ailleurs "l'un des arguments de vente de notre cinématographie" à Cannes comme ailleurs, a-t-il fait remarquer. Sa dixième édition, prévue du 3 au 11 décembre prochain, devra rendre hommage au cinéma français. A côté de la vocation internationale du FIFM, M. Sail a relevé que le Maroc revendique également une ambition africaine avec le festival de Khouribga et méditerranéenne avec ceux de Tanger et Tétouan. En tant que "petite puissance cinématographique", le Maroc n'a jamais oublié d'aider les films africains, a-t-il souligné, précisant que depuis 2004, "nous sommes coproducteurs d'une dizaine de films africains (Sénégal, Tchad, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée, Maghreb: Tunisie et Algérie). Créé en 2000, le village international de Cannes continue d'affirmer son rôle de tribune du cinéma mondial, se développant d'une quinzaine à plus d'une soixantaine de pavillons cette année. Lieu d'exposition et de rencontre, il permet aux pays producteurs de cinéma de mettre en valeur leur identité culturelle, leurs institutions et la variété de leurs créations. Chaque pays représenté exploite son pavillon pour organiser ses échanges avec les professionnels du monde entier.