l'importance accordée à la fatwa (avis autorisé sur des questions religieuses) et aux oulémas qui prennent en charge cette mission se situe au coeur de la réforme du champ religieux, a indiqué M. Mohamed Yessef, secrétaire général du Conseil supérieur des oulémas. Intervenant samedi lors de la séance d'ouverture d'un colloque scientifique organisé par le Conseil , durant deux jours à Rabat, sur le thème "la fatwa entre les normes de la charia et les défis de la modernité", M. Yessef a souligné que l'intérêt éminent qui doit être accordé aux questions de la fatwa est propre a entourer cette fonction des garanties de pertinence et barrer la voie devant "ceux qui cherchent à utiliser ce créneau comme fonds de commerce et à se parer indument des vertus de l'érudition". Il a dans ce sillage appelé les ouléma à faire preuve d'esprit d'innovation en appréhendant les questions du fiqh en rapport avec les dynamiques qui commandent l'évolution de la société moderne, afin de donner la pleine mesure de l'applicabilité des règles de jurisprudence et trouver la parade aux dérives préjudiciables à la religion. Lors cette séance, qui s'est déroulée en présence du ministre des Habous et des Affaires islamiques, M. Ahmed Toufiq et de plusieurs membres du conseil ainsi que de professeurs et chercheurs, le secrétaire général du Conseil Supérieur des ouléma a souligné que l'institution connaît un rayonnement et un regain de dynamisme remarquables sous l'ère de SM le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, et ce à la faveur des conditions idoines et des moyens humains, matériels et organisationnels importants mis à sa disposition pour accomplir sa mission. Il a, par ailleurs, souligné les traditions du Maroc en tant que pays tolérant vis-à-vis des autres religions et ouvert sur les civilisations, les cultures et les nationalités, ce qui n'altère en rien son attachement indéfectible à sa foi islamique, à son identité nationale et à ses racines historiques et civilisationnelles, garantes d'invulnérabilité envers tout courant néfaste. Il a de même rappelé la place acquise par les femmes érudites (alimates) depuis 2004, dans la dynamisation du champ religieux et la défense des référentiels et constantes aux côtés des hommes, ainsi que la création de l'instance scientifique de la fatwa, relevant du Conseil supérieur des ouléma, chargée de rendre des avis de jurisprudence pour régler les cas posant problème dans la vie quotidienne des citoyens et qui touchent à la sphère religieuse. Pour sa part, M. Ahmed Toufiq, a mis en relief les étapes importantes franchies dans le processus de promotion du Conseil supérieur des ouléma, considérant que la fatwa est l'un des champs de compétences les plus importants qui relèvent du conseil, en ce qu'il est garant de la pertinence de ces avis autorisés et de leur conformité avec les fondements de la religion. L'exercice de cette mission, a-t-il ajouté, implique une lourde responsabilité morale, ce qui exige des qualités avérées de probité, d'érudition ainsi qu'une harmonie dans les rapports entre les diverses institutions concernées. Il a souligné la pertinence de la fatwa, élaborée selon les normes requises, qui doit être empreinte de souplesse et de vitalité de sorte à assurer l'harmonie entre la pratique religieuse et les impératifs de la vie moderne, et partant donner la pleine mesure du génie de l'Islam. Pour sa part, le coordonnateur de la commission des études et recherches scientifiques, M. Mostapha Benhamza a évoqué le cheminement historique de la fonction de la fatwa, relevant que cette mission touche de près aux contingences de la vie quotidienne et ne s'accommode donc pas des conceptions abstraites et virtuelles, de sorte que le Mufti occupe une place de choix dans la dynamique sociétale. Il est a rappeler que les thèmes de ce colloque portent sur plusieurs questions en rapport avec la mission de la fatwa en conformité avec les normes de la charia, sa relation avec le processus d'évolution des sociétés modernes, et le rôle de la fatwa dans le contexte des communautés musulmanes minoritaires ou expatriées.