La confrontation footballistique entre L'Egypte et l'Algérie, qui s'est transformée en problème politique suite aux incidents ayant émaillé les matchs qualificatifs aux phases finales du Mondial 2010, a fait gravement entorse à l'esprit sportif, à un degré rarement égalé dans les annales du football, suscitant des invectives déplacées et attisant tensions et animosités entre les deux peuples. Fait dominant de cette fin d'année en Egypte, cette crise sans précédent, au demeurent préparée bien avant par des échanges sulfureux entre médias, a pris une tournure plus grave après l'émotion provoquée par les actes d'agression dont se sont plaints les supporters égyptiens, à la fin du match de Khartoum, et les actes de vandalisme qui s'en ont suivi, surtout avec l'attaque en règle de biens et de ressortissants égyptiens en Algérie. Après le match de Khartoum, quelques milliers d'Egyptiens ont aussi tenté de prendre d'assaut la chancellerie et la résidence de l'ambassadeur algérien au Caire, donnant lieu à des confrontations entre la police locale et les manifestants. Comme si la réaction de la populace obéissait à un mouvement synchronisé, des supporters algériens attaquent la représentation d'une société de télécommunications à Alger, un foyer d'étudiants égyptiens et un bureau de la compagnie aérienne Egypt Air. Cette tension, qui a mis en lumière le rôle d'instigateur joué par les médias des deux pays, à travers articles, commentaires et émissions spéciales incendiaires, s'est exacerbée après le rappel par l'Egypte de son ambassadeur à Alger pour "consultations" suite aux attaques ayant visé des supporters qui ont accompagné la sélection égyptienne au Soudan, battue par un but à zéro. Tranchant avec les réactions non violentes, bien que vives, suite au match de barrage France-Irlande, que les Bleus avaient remporté grâce à une main "baladeuse" de Thierry Henri , mais dont le résultat a été accepté par les Irlandais après validation par la FIFA, le conflit déclenché entre Alger et Le Caire a pris une ampleur démesurée. En effet, la Fédération égyptienne de football a décidé de suspendre sa participation à l'Union nord-africaine de football (Unaf), alors que les fédérations d'haltérophilie et de handball ont décidé de renoncer à l'organisation du championnat africain. Le Conseil national sportif et le Comité olympique d'Egypte ont, de leur côté, convenu de boycotter toute manifestation sportive organisée en Algérie et de nŒorganiser aucune compétition impliquant des sportifs algériens. Gagné lui aussi par la fièvre, le milieu artistique est entré dans le champ de bataille en décidant de "rompre les relations" de coopération avec les artistes algériens. Cette décision, adoptée par le syndicat des musiciens égyptiens, la Fédération des syndicats artistiques en Egypte et la Société arabe du cinéma, signifie la suspension de toute coopération bilatérale et le boycott de tous les festivals artistiques et culturels organisés en Algérie, ainsi que la suspension des permis octroyés aux artistes algériens en Egypte. Bien qu'ayant nourri les manchettes des journaux durant des semaines, cette affaire n'a pu cependant éclipser totalement des sujets plus sérieux et éminemment plus déterminants pour l'avenir de toute la région. Il en est ainsi des intenses contacts entre Palestiniens et Israéliens en vue de relancer le processus de paix au Proche-Orient qui est au point mort depuis l'invasion par Israël de la Bande de Gaza, fin 2008. +La médiation égyptienne s'est soldée par un cuisant échec+. Les médiateurs égyptiens ont mené aussi des contacts pour permettre la signature d'un accord de réconciliation entre les mouvements Hamas et Fatah, qui a été repoussée à maintes reprises en raison des divergences de points de vues des deux parties. A cet égard, le Fatah avait remis aux médiateurs égyptiens l'accord de réconciliation inter-palestinien signé dans les délais impartis, alors que le Hamas a réclamé plus de temps pour examiner le texte. Les propositions égyptiennes portent sur la tenue d'élections présidentielles et législatives dans les territoires palestiniens vers mi-2010, le renforcement des forces de sécurité sous contrôle du mouvement Fatah, avec la supervision du Caire, et la libération des détenus. Sur le plan interne, l'actualité avait été dominée également par la tenue par le Parti national démocrate au pouvoir d'un congrès sans enjeux politiques, le déplacement du président américain au Caire pour donner "un nouveau départ entre les Musulmans et les Etats-Unis ", ainsi que l'accident ferroviaire du Caire qui a fait des dizaines de morts.
+Le port du niqab, levée de boucliers au sein des milieux rigoristes +
Autre sujet qui a intéressé les Egyptiens, l'interdiction du port du niqab dans les établissements scolaires et universitaires non mixtes d'Al-Azhar. Cette décision a provoqué une levée de boucliers au sein de milieux rigoristes. Ce voile intégral couvrant le visage de la femme s'est trouvé propulsé au-devant de la scène médiatique suite à la décision de l'Imam d'Al-Azhar, Mohamad Sayed Tantawi et du Haut Conseil d'Al-Azhar d'interdire son port dans les établissements scolaires et universitaires non mixtes relevant d'Al-Azhar, ainsi que l'obligation de l'enlever lors des examens si les surveillantes sont des femmes. Le haut Conseil a expliqué qu'Al-Azhar est seulement mû par des considérations d'ordre pratique pour le bon déroulement des cours et des examens. Le ministre de l'Enseignement supérieur, Hani Hilal, a lui aussi promulgué un décret interdisant le port du niqab dans les cités universitaires, une décision qui a soulevé le mécontentement de certaines étudiantes qui ont organisé des manifestations devant les cités universitaires, soutenues par certains milieux. Cette affaire a remis au jour une polarisation de la société égyptienne autour d'un phénomène qui ne devrait pas être sujet à polémique, vu les référents religieux de l'Egypte et l'enseignement d'Al Azhar, un haut lieu de la tradition sunnite, relèvent les observateurs.