D'une verdure pérenne jouxtant les deux bords d'Oued M'gouna, la ville de Kelâat M'gouna accueille ses visiteurs épatés par ses peupliers et ses arbres fruitiers ombrageant ces petites et fructueuses exploitations. L'étroitesse des vergers verdoyants n'ont été d'aucun impact négatif sur la volonté des paysans locaux qui ont transformé chaque lopin de sol en une parcelle exploitable, et en une source intarissable de revenu, tout au long de l'année. Tellement riches d'un couvert d'arbres, le visiteur ne peut aucunement reconnaitre les limites entre vergers productifs, pendant les quatre saisons. Amandiers, grenadiers, figuiers, néfliers, orangers autant d'arbres fruitiers qui vivent en harmonie avec des légumes et d'autres cultures locales telles le maïs et les fèves. Dans cette mosaïque de plantes et de cultures, vient la rosa damskina pour embaumer l'air limpide de Kelâat M'gouna, connue également par l'une des danses folkloriques les plus spectaculaires, à savoir la danse de l'abeille, où femmes et hommes tournent autour de la rose, afin de sucer alternativement son nectar. L'on ne connait certes pas les débuts de la plantation de cette rosa damaskina dans la zone de Kelâat M'gouna et dans le Dadès en général, mais les informations disponibles permettent de renseigner qu'elle ressemble beaucoup aux roses aromatiques de Damas, Egypte et Tunis. Rares, en effet, ceux qui savent qu'à travers la rosa damaskina, source majeure des revenus matériels des agriculteurs de la région, le Maroc est classé parmi les trois premiers pays producteurs au monde de cette plante hybride, après la Bulgarie et la Turquie. La rose de Damas, "rosa damascena", à laquelle est dédiée le festival de Kelâat M'gouna, et qui présente, outre ses aspects socioéconomiques, plusieurs vertus thérapeutiques et cosmétiques occupe une superficie de l'ordre de 3.200 km2, selon les services de l'ORMVA d'Ouarzazate. Pourquoi a-t-elle tout cet attrait?. Son essence de rose est recommandé en cas de troubles liées au stress, aux tensions et dépressions nerveuses en tant que sédative. Elle agit aussi comme un tonique pour les problèmes cardiaques et pour une meilleure circulation sanguine. Par ailleurs, la production moyenne annuelle des pétales de roses atteint, selon les services de l'ORMVA d'Ouarzazate, près de 3 mille tonnes, soit une valeur financière de 30 millions de dh. La production pourrait, grâce à des conditions climatiques appropriée et une disponibilité des eaux d'irrigation, dépasser ce stade pour atteindre 4 mille tonnes. Une bonne partie de la récolte, soit 20 à 30 pc, est destinée à la distillation au sein des deux unités de distillations situées dans la zone de Kelaât M'gouna. Alors que le reste se voit affecté aux opérations d'assèchement pour être revendu dans les marchés locaux ou nationaux. Durant les deux dernières années, les quantités de roses aromatiques destinées à la distillation, estimées à 620 tonnes en 2006, ont connu une régression attribuable, selon les services locaux, à l'augmentation relative aux revenus matériels déduits de la commercialisation des roses dans les marchés de Casablanca, Marrakech et Fès. Pour avoir un kilogramme d'essence, l'on doit disposer d'environ cinq tonnes de pétales, alors qu'il faut avoir 200 kg de roses fraiches pour extraire un kg de l'huile essentielle de rose. Toute cette production est dédiée à l'exportation. Les roses marocaines occupent une place prépondérante au niveau international, dans la mesure où le Maroc se classe, sur le plan de la production, deuxième après la Bulgarie. Alors que grâce à l'essence de rose extraite des pétales de Kelâat M'gouna, le Royaume vient en troisième lieu après la France et la Turquie. L'absolue de rose, quant à elle, ne cesse d'exercer un attrait particulier sur le public averti et connaisseur, dans la mesure où elle séduit les créateurs de parfums et de cosmétiques, d'où la nécessité de penser impérieusement à de nouveaux mécanismes de valorisation de ce produit de terroir.