Au Maroc, après cinq années de pluies abondantes, les barrages débordent et les oasis renaissent, affirme mercredi le quotidien français +Le Figaro+ qui fait état de la "métamorphose" du désert du sud marocain sous l'effet d'une bonne pluviométrie. "Après une sécheresse implacable, qui a sévi de 1995 à 2005, l'eau tombe en abondance depuis cinq ans sur les oasis, les vallées et le versant sud de l'Atlas, rechargeant les nappes phréatiques, remplissant les barrages et faisant rejaillir des sources que l'on croyait taries à jamais", écrit le journal. "La neige immaculée qui recouvre encore les cimes du M'Goun (4 068 m) témoigne du déluge qui s'est abattu cet hiver sur la région", ajoute le quotidien dans un article de son envoyé spécial, sous le titre "Au Maroc, le désert reverdit peu à peu". "Début février, au plus fort de la crue, le débit de l'oued Souss, qui se jette à Agadir, sur la côte atlantique, a atteint 4.000 mètres cubes par seconde, soit plus de douze fois celui de la Seine à Paris !", explique au journal Thierry Ruf, chercheur à l'Institut de recherche pour le développement (IRD) et spécialiste des systèmes agraires irrigués. "Les deux principales retenues du secteur, qui menaçaient de céder, ont donc dû ouvrir les vannes en grand", ajoute cet expert qui qualifie de "changement climatique à l'envers" ce retour inespéré de la pluie. "Ces années humides offrent à l'agriculture marocaine une occasion en or de se développer, d'autant qu'elles coïncident avec le plan Maroc vert, lancé en avril 2008 par le gouvernement", estime, pour sa part, le directeur général de l'Office Régional de Mise en Valeur Agricole de Ouarzazate (Ormvao), Hro Abrou, cité par le journal. "Pour couvrir les pertes dues à la sécheresse et densifier notre patrimoine arboricole, nous allons planter 420.000 palmiers dattiers issus de culture in vitro et donc exempts de maladies", précise ce responsable, rappelant que "pas moins de 160.000 pieds d'oliviers ont déjà été distribués en 2009 dans la région de Ouarzazate et il est prévu de relancer la culture de pommes de montagne et de produits de terroir comme la rose et le safran". "Pour économiser l'eau, les agriculteurs possédant moins de 5 hectares recevront gratuitement des équipements d'irrigation en goutte-à-goutte", ajoute-il. Le quotidien s'intéresse par ailleurs à la "dynamique sociale" née de ce retour de la pluie dans les oasis. Ces "perles de verdure, très densément peuplées, sont en pleine effervescence", note-il. "On assiste en direct à une véritable renaissance avec toute une dynamique sociale qui se remet en route", souligne-t-il, précisant que des émigrés réinvestissent de l'argent dans la construction des "khettaras", ces galeries souterraines qui permettent de capter l'eau des nappes. "On peut véritablement parler d'agriculture minière", affirme Thierry Ruf pour qualifier ces ouvrages collectifs, creusés de main d'homme, et que l'on retrouve, sous différentes versions, dans la plupart des zones arides, soulignant que l'idée consiste à aller "chercher l'eau" directement dans la roche aquifère à une quinzaine de mètres sous terre en remontant parfois à plusieurs kilomètres en amont. Tellement fasciné par "ces dispositifs étonnants d'invention et d'abnégation humaines", cet expert va demander officiellement à l'Unesco, lors de la conférence de Delft (Pays-Bas) sur l'histoire de l'eau en juin prochain, d'inscrire les khettaras au patrimoine mondial de l'humanité.