Les obsèques du Cheikh des Madihine, Moussamiine et Mounchidine du Maroc Abdellatif Benmansour, qui a rendu l'âme mardi soir dans un hôpital de Rabat à l'âge de 84 ans, ont eu lieu mercredi à Rabat. Après la prière d'Al asr et du mort à la Grande mosquée de Rabat, le cortège funèbre auquel a pris part le chambellan de S.M le Roi, M. Ibrahim Faraj, plusieurs personnalités appartenant au monde de l'art et de la pensée ainsi que les membres de la famille du défunt, s'est rendu à la Zaouia Harrakia à l'ancienne médina de Rabat où le défunt a été inhumé. La dépouille a été inhumée dans une ambiance de piété et de recueillement au cours de laquelle des versets du Saint Coran ont été récités à cette occasion, et l'assistance a élevé des prières pour le repos de l'âme du regretté, implorant Le Tout-Puissant d'accueillir le défunt en son vaste paradis. Natif de Rabat en 1926, le défunt a eu le privilège de côtoyer dès son jeune âge une grande personnalité du soufisme en la personne de son grand-père maternel, le Cheikh et Doyen de la Tarika Harrakia derkaouia à Rabat, Abdessalam Guedira. "J'ai grandi dans une famille où le Madih et le Samae embaument l'air qu'elle respire. C'est à coté de mon grand père Abdessalam Guedira et mon père Mohamed Benmansour que j'ai appris à aimer les cercles du Dikr, du Samae et du Madih et entamer ainsi mon initiation", avait dit le regretté lors d'un entretien. Il a appris par coeur le Saint Coran avant de se consacrer à l'étude d'"Al-Alfia" et des autres sciences d'Al-Ala, de la langue arabe, des sciences religieuses, de l'art du panégyrique et de la musique andalouse, auprès de grands maîtres tels que Abdallah Jirari et cheikh Mohamed Ben Madani Hassani. En 1958, il fut l'un des fondateurs de l'Association des amateurs de la musique andalouse sous la présidence de feu Driss Benjelloun Touimi. Il fut l'auteur de plusieurs mouvements, dits Mizân, qui ne figuraient pas dans les onze grandes suites ou "Noubas" que comporte le répertoire de la musique andalouse, dont Ezzarrika, Enhaounad, El Hassar et Essika. Dans son répertoire, figurent de nombreux poèmes chantés dont les premiers enregistrements remontent à 1962 à la radio nationale. Il avait été également coordonnateur de programmes religieux entre 1965 et 1970, ainsi que lors des fêtes d'Al Mawlid Ennabaoui et du 10-ème anniversaire du décès de feu SM Mohammed V. Il a été aussi chargé de coordonner les veillées de panégyriques du prophète présidées par SM le Roi Mohammed VI à l'occasion du 9 Rabie I-er, qui marque l'anniversaire de la disparition de feu SM Hassan II. Parmi ses publications, "Arra'ia Al Faridia Fi Al-amdah Ennabaouia", dite "Al Kawakib Al Youssoufia" en 1970 et "Tahdib Al Adwaq Fi Jimiate Cheikh El Harrak" en 1962. Au regretté, on doit particulièrement une édition du célèbre traité de musique andalouse "Kounnach Al-Ha'ik", dit le Tétouanais. Feu Banmansour fut aussi le centre d'intérêt dans de nombreuses manifestations culturelles dans plusieurs villes du Maroc. Il avait brillé en particulier lors du célèbre festival national de la musique andalouse de Fès en 1982 et lors du non moins célèbre festival de Chefchaouen en 1986. Il fut aussi membre de la commission nationale chargée de la supervision de l'enregistrement de "l'anthologie d'Al-Ala", entre 1989 et 1992. Un honneur qui lui a valu d'être décoré du Ouissam d'Al Arch de l'ordre de Chevalier en 1992. Entre 1994 et 1998, il a réalisé, pour le compte du ministère de la culture, des enregistrements des Qçayed "Al Bourda", "Al Hamzia", "Al Fiachia" et "Al Mounfarija", ainsi que des séances de l'art du Samae. Le parcours de feu Abdellatif Benmansour lui a valu d'être l'objet de plusieurs hommages pour son oeuvre, dont la dernière en mars 2010 à Tétouan.