Le Maroc a mis en oeuvre le plan d'autonomie pour les provinces du sud, car il "ne pouvait pas attendre et rester l'otage de l'Algérie" et du blocage que ce pays entretient sur le dossier du Sahara, a affirmé, samedi à Lyon, le professeur Michel Rousset, spécialiste français des questions de régionalisation. "Face à l'impasse des négociations avec le polisario, voire l'Algérie, sur la question du Sahara, le Maroc était dans l'obligation de mettre en oeuvre le statut d'autonomie pour les provinces du Sud", dans le cadre d'une régionalisation avancée élargie à tout le pays, a-t-il dit lors d'une rencontre sur la régionalisation. M. Rousset, professeur honoraire à la faculté de droit de Grenoble et spécialiste du droit administratif, a souligné que le discours royal du 3 janvier dernier marque un tournant "décisif" dans le processus de régionalisation, entamé depuis des années dans le Royaume, notant que le statut proposé pour les provinces de sud "peut être transposé aux autres régions, mais de façon graduelle". Convaincu que seul un système de régionalisation est à même de "favoriser la gestion d'un territoire aussi vaste que le Maroc", cet éminent juriste, qui suit ce processus depuis son lancement dans le Royaume, estime "que pour que la régionalisation soit capable de s'enraciner dans les institutions administratives et la tête des citoyens, il faut qu'elle soit stable, démocratique, solidaire et efficace". Il a mis l'accent, dans ce cadre, sur la nécessité de formation des élites locales, du renforcement de la déconcentration, de la mobilisation de fonds pour réduire les écarts de développement entre les régions et du contrôle dans le respect de l'autonomie des régions.