L'ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l'Office des Nations unies à Genève, M. Omar Hilale, a averti, mercredi, que la manoeuvre algérienne de légitimer dans les camps de Tindouf des lois et des structures d'une entité autoproclamée, en violation du droit international des réfugiés, risque d'être couteuse en terme de menace terroriste, non seulement pour la région sahélo-saharienne, mais également pour la sécurité de la navigation et les voies de transport de l'énergie le long de la côte occidentale de l'Afrique et en méditerranée. Dans un droit de réponse du Maroc au directeur de la région MENA, devant la 47ème session du Comité permanent du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le diplomate marocain a fait savoir que la dénonciation par le Maroc de la démission de l'Algérie de ses obligations internationales dans les camps de Tindouf en faveur du polisario est motivée par l'illégalité de ce transfert de représentativité et par les récents développements sécuritaires gravissimes dans la région sahélo saharienne. Il a soutenu que d'après la presse régionale et des sites internet, plusieurs personnes arrêtées dans le cadre de l'enquête sur l'enlèvement par l'Al-Qaïda dans le Maghreb Islamique (AQMI) de trois humanitaires espagnoles et un ressortissant italien seraient originaires des camps de Tindouf et auraient apporté un soutien logistique aux terroristes. Ce développement inquiète les pays de la région et devrait préoccuper les membres du Comité exécutif du HCR, a-t-il insisté. Si ces informations se confirment, cela voudrait dire que la nébuleuse d'Al-Qaïda recruterait dans les camps de Tindouf, a ajouté M. Hilale, rappelant que ce scénario avait été prévu, dès 2005, par le Centre européen stratégique d'intelligence et de sécurité en prédisant que "la nature de l'évolution du polisario fait naitre de nouvelles craintes, dont celle de voir certains de ses combattants et de ses cadres se tourner vers le terrorisme, ou la criminalité internationales". Ce Centre, a poursuivi M. Hilale, a tiré, une nouvelle fois en 2008, la sonnette d'alarme sur les risques de dérive des membres du polisario vers la criminalité organisée et l'extrémisme en l'imputant à l'extrême pauvreté dans les camps, la désespérance parmi les jeunes et la déliquescence du polisario. Son rapport conclut même que cette dérive pourrait s'aggraver pendant les années à venir, a-t-il encore rappelé. L'ambassadeur marocain a fait savoir que cette analyse a été confortée, la semaine dernière, par M. Michael Braun, ancien responsable des opérations au sein de l'agence anti drogue des Etats Unis, qui a déclaré que "les jeunes des camps de Tindouf, dans le sud de l'Algérie, constituent une proie facile pour l'AQMI, vu les conditions de vie précaires dans lesquelles vit la population des camps", que "les organisations terroristes puissantes telle Al-Qaïda au Maghreb islamique sont des experts en matière de détection de personnes présentant de tels signes de vulnérabilité" et que "les camps de Tindouf représentent ainsi une mine d'or potentielle pour les recruteurs de groupes comme l'AQMI". M. Hilale a signalé que c'est cette même crainte que les réseaux terroristes sévissant dans la région sahélo saharienne n'exploitent le désespoir taraudant les populations des camps, qui avait motivé l'appel du Maroc devant le comité exécutif du HCR en septembre dernier pour la réinstallation des populations des camps de Tindouf, expliquant que leur fragilité psychologique par des décennies d'exil, aggravée par le transfert du contrôle des camps au polisario, laisse ces populations sans protection et les met à la merci de toutes les tentations, particulièrement par les réseaux terroristes. Aussi et afin d'éviter que ces camps ne deviennent un terreau fertile pour les recruteurs de tous genre, la restauration de l'Etat de droit dans les camps par une présence effective du HCR et l'autorité du pays d'asile, l'Algérie, est plus qu'un impératif et une urgence, a souligné le diplomate marocain. M. Hilale a par conséquent appelé le HCR et la communauté internationale à refuser ce fait accompli et à rappeler à l'Algérie ses responsabilités internationales.