Le développement de la recherche scientifique en musicologie andalouse requiert l'adoption d'une politique globale visant la promotion des arts et en particulier de la musique andalouse, a affirmé, vendredi à Fès, M. Mohamed El Yemlahi Ouezzani, chercheur en la matière. Intervenant lors d'un colloque, organisé dans le cadre de la 15ème édition du festival de la musique andalouse de Fès (24-27 février), en hommage au chercheur et musicologue Larbi Ouezzani, M. Mohamed Ouezzani a estimé qu'il est difficile pour tout chercheur de réussir dans ses travaux en l'absence d'un cadre universitaire qui lui offre les moyens de réaliser son projet. Toute initiative individuelle dans ce domaine ne peut donner que des résultats limités, a-t-il ajouté. Selon lui, la recherche en matière de musique andalouse est au point mort pour le moment, étant donné qu'il n'y a pas de spécialistes en la matière. Il n'y a pas non plus de filières universitaires consacrées à la recherche en musicologie ou de bibliothèques spécialisées en la matière, a-t-il dit, rappelant que les chercheurs connus dans ce domaine dont Larbi Ouezzani n'étaient que des autodictates, qui ont développé leurs projets sur le tas. Il a en outre souligné la nécessité pour les chercheurs d'initier des projets en matière de musicologie andalouse sur une base de pluridisciplinarité pour pouvoir aborder non seulement la problématique technique de cet art, mais également son rôle historique, social et spirituel. Revenant sur l'apport de Larbi Ouezzani ( 1902-1983), il a indiqué qu'il s'agit d'un pionner, d'un innovateur et d'un précurseur, qui a légué pas moins de 12 ouvrages consacrés à la musicologie andalouse et à d'autres disciplines qui lui sont liées. Dans ses travaux, a-t-il ajouté, M. Larbi Ouezzani aborde les fondements et l'écriture de la musique andalouse, son rôle socio-culturel et de la promotion de ce patrimoine universel. Abondant dans le même sens, M. Abdelaziz ben Abdeljalil a présenté un certain nombre de conclusions tirées dans plusieurs articles publiés par M. Larbi Ouezzani entre 1966 et 1979 et dans lesquels il traite de l'apprentissage de cet art, de la notation et de sa publication dans le but de préserver la musique andalouse de l'oubli. Il s'est également arrêté sur chacune des questions soulevées dans ces articles, précisant que le chercheur n'a cessé d'appeler d'autres chercheurs à prendre son exemple pour enrichir les travaux menés dans ce domaine. Dans ce cadre, M. Abdesselam Chami, président de la commission artistique du festival de Fès de la musique andalouse, a souligné que Larbi Ouezzani s'était fixé pour objectif majeur d'inciter à l'enregistrement des Nawbas de la musique andalouse, à la transcription de son immense répertoire en notation musicale pour en faciliter l'apprentissage et à la publication de sa poésie. Il a également passé en revue une série de travaux parus au cours des 20 dernières années dans ce domaine dont ceux de Younès Chami, Abdellatif ben Mansour et Abdelfattah Benmoussa. De son côté, M.Omar Chami a donné un aperçu sur les travaux réalisés sur Facebook par le club des "amateurs de la musique andalouse", invitant tous les mélomanes à y participer pour les enrichir davantage. Sont également programmés au cours de cette 15-ème édition du festival national de la musique andalouse une exposition picturale, une autre exposition d'instruments de musique ainsi que des concerts, qui seront donnés par dix orchestres venus de différentes régions du pays.