Au moment où l'exécutif espagnol conduit par le Socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, plaide pour un pacte national, avec l'ensemble des groupes parlementaires, pour une solution de sortie de crise économique dans laquelle le pays se trouve empêtré, le parti populaire, principale force d'opposition, exige un changement radical de la politique économique du gouvernement et appelle à la tenue d'élections anticipées. Par Mohamed Chakkor Défendant de toutes ses forces la stratégie de son gouvernement pour faire front à la délicate conjoncture politique et économique que traverse l'Espagne, le chef du gouvernement a tenté, lors d'une session plénière du Congrès des députés, la première du genre de l'année consacrée à la crise économique, de convaincre les différents groupes parlementaires des actions entreprises par son cabinet pour faire sortir le pays de la crise et ce, en leur présentant les grandes lignes de la politique de réformes mise en place. M. Zapatero a également tenu à affirmer, devant les représentants de la nation dubitatifs, que l'Espagne, qui assume actuellement la présidence tournante de l'Union européenne, est en train de surmonter le contexte de crise économique. Plusieurs institutions financières internationales et espagnoles parmi elles la banque centrale européenne (BCE), le Fonds monétaire international (FMI) et la banque d'Espagne avaient attiré l'attention du gouvernement espagnol sur les dangers des répercussions de la crise économique et financière que traverse le pays et sur la situation économique et sociale en Espagne, relevant que les indicateurs économiques actuels annoncent une situation inquiétante pour le devenir économique, financier et social dans le pays. Lors de cette session plénière, au cours de laquelle la crise économique a été passée au peigne fin, le gouvernement espagnol a tenté de véhiculer un message de tranquillité sur la solidité de l'économie du pays. Il s'est également attelé à défendre de toutes ses forces les réformes économiques, souvent soumises à des questionnements, entreprises par l'exécutif pour faire face à la crise, affirmant que le pays est sur le point de sortir de ce contexte de décélération grâce aux démarches entreprises notamment en matière d'emploi, de retraite et de rationalité économique. Il a, également, appelé à une "politique de dialogue et d'union" à laquelle devront adhérer toutes les composantes de la vie politique en Espagne pour parvenir à un pacte de sortie de la crise. Le chef de l'exécutif espagnol a annoncé, dans ce contexte, la constitution d'une commission gouvernementale, présidée par la deuxième vice-présidente et ministre de l'Economie, Elena Salgado et les ministres du développement et de l'Industrie, respectivement José Blanco et Miguel Sebastian, qui aura pour mission de parvenir, dans les deux mois à venir, à un accord avec les groupes parlementaires sur les réformes économiques pour faire sortir l'Espagne de sa crise économique. Le président du gouvernement espagnol, qui fait l'objet de critiques sévères sur sa gestion de la crise, s'est également engagé de déployer tous ses efforts pour entreprendre les réformes nécessaires pour faire front à la crise avant la fin du premier semestre de 2010. Mais les engagements du gouvernement Zapatero ne semblent pas avoir produit un effet encore moins convaincu le parti populaire, principale force d'opposition du pays, qui a préféré camper sur sa position, exigeant un changement radical de la politique économique du gouvernement et proposant la tenue d'élections anticipées. L'opposition de droite avait déjà menacé, il y a plus de deux semaines, de déposer une motion de censure contre le gouvernement, considérant que sa gestion défaillante de la crise va pousser le pays vers l'abîme. Intervenant à son tour devant le parlement espagnol, le président du PP, Mariano Rajoy a invité, son adversaire Zapatero à mener des "rectifications substantielles" de sa politique ou sinon de "démissionner" de son poste. "Si José Luis Rodriguez Zapatero est incapable de procéder à des rectifications substantielles de la politique économique de son gouvernement, il n'a qu'à laisser à d'autres le soin de les accomplir", a-t-il dit, ajoutant que le PP "est disposé à prendre le pouvoir du moment que l'actuel exécutif a perdu sa crédibilité à l'intérieur et à l'extérieur du pays". Le gouvernement espagnol ne cesse de réitérer, à chaque fois, qu'il a pris "la bonne voie" pour faire sortir le pays de la crise et que toutes les démarches entreprises pour ce faire entrent dans le cadre d'une stratégie bien planifiée. L'Espagne fait face, depuis fin 2008, à une grave crise économique qui s'est soldée par une augmentation vertigineuse du nombre des chômeurs (plus de quatre millions) et une hausse importante du déficit public (11,4 pc du PIB) et les perspectives pour 2010 ne sont pas des meilleures. Selon les prévisions du FMI, l'économie espagnole poursuivra sa récession avec une contraction du PIB de 0,6 pc. Même son de cloche chez la Banque d'Espagne qui a annoncé que le PIB s'est contracté de 3,6 pc en 2009, estimant qu'il s'agit du "plus grave recul jamais atteint par l'économie depuis plusieurs décennies".