Enthousiasmés par les expériences des anciennes générations, plusieurs acteurs sportifs de la ville de Mohammedia nourrissent l'espoir de faire sortir le sport dans la cité des fleures de sa stagnation flagrante, armés en cela d'une grande ambition de relever le défi. --Par Saïd Rahim--.
-UNE PANOPLIE DE DISCIPLINES ET UNE DETERMINATION A DEPASSER LA PHASE D'ESSAI.
Vingt-neuf disciplines sont actuellement pratiquées à Mohammedia, dont certaines depuis les années 1930. Désormais, avec la croissance démographique et l'expansion urbanistique, les espaces réservés à l'activité physique se font de plus en plus rares et le sport dans la ville se trouve tiraillé entre la volonté de ressusciter les gloires d'antan et la nécessité de faire face aux contraintes du présent. Afin de surmonter ces obstacles et de construire une infrastructure adéquate, les différents acteurs sportifs de la ville, toutes tendances confondues, ont mis main dans la main en vue d'œuvrer de concert dans l'intérêt du sport local. Les efforts consentis dans ce sens émanent à la fois du ministère de la Jeunesse et des Sports, des programmes de l'INDH et du Conseil municipal, ainsi que des ONG et des personnalités sportives locales qui œuvrent pour la mise à niveau du sport dans la province, un secteur vital qui, plusieurs années durant, a beaucoup donné au sport national. La priorité, dans ce cadre, reste la mise en place d'une infrastructure sportive dite d'élites et répondant aux normes internationales. Néanmoins, et en dépit des efforts déployés, ces disciplines continuent de souffrir en silence et attendent une initiative sérieuse de la part des autorités de tutelle au niveau local et national pour la construction d'une salle couverte qui pourrait, sûrement, colmater les brèches dont souffrent différentes disciplines, notamment le basketball. Pour se rendre compte de l'ampleur de ce manque, il suffit de savoir qu'un club de basketball représentant la ville au championnat national de deuxième division est privé d'une salle couverte, ce qui le contraint à se déplacer pour jouer des matches sensés être "à domicile". Le président de ce club, M. Azzeddine Cohen, justifie cette situation par "d'autres obstacles financiers et logistiques empêchant l'équipe de relever les défis de cette saison". Les travaux de construction de la seule salle couverte de la ville sont suspendus à cause de "problèmes techniques", affirment les responsables. Cet état de choses corrobore aux mauvais résultats des équipes à la fois de basketball, de handball, de boxe et bien d'autres. -UN CENTRE DE SPORT PARALYSE. La ville de Mohammedia est dotée depuis le début des années quatre-vingt d'un Centre de sport et loisirs (à Ryad Masbahiat), une structure répondant aux normes internationales et disposant de toutes les installations sportives nécessaires, mais qui reste inutile puisque personne n'en a profité en vingt ans d'existence. Un vrai gâchis si l'on sache que ce Centre est capable d'abriter les différentes activités sportives, associatives et culturelles organisées dans la ville. Une autre infrastructure en proie à la négligence -depuis bientôt 20 ans-, la piscine municipale, un bassin aux normes olympiques en plein air et qui a été le théâtre d'épreuves des premiers Jeux Méditerranéens organisés au Maroc en 1983. -LE SPORT-ROI AU PIED DU MUR A CAUSE DU MANQUE DE MOYENS.
Le football, malgré son statut de sport le plus populaire, ne se trouve pas en meilleur situation, en raison notamment d'une infrastructure qui ne répond pas aux besoins. Ainsi, la ville ne dispose que d'un stade principal (El Bachir), d'une annexe et de trois autres terrains de quartier, construits soit dans le cadre de l'INDH ou grâce au soutien du ministère de la Jeunesse et des Sports, à l'instar du terrain "El-Alia", en cours d'aménagement. Kouskous, ancien gardien de but du Chabab Mohammedia (SCCM) dans les années 60 qui a également évolué au championnat français (1967 à 1969) et au Raja en 1974, justifie ce recul par l'amalgame qui existe au niveau de la gestion, entre le politique et le sportif. L'ex-joueur du SCCM et des Lions de l'Atlas, Taher Raâd affirme, de son côté, que le football dans la province souffre de problèmes de mentalité et de moyens financiers. "La situation des clubs nationaux, qui ne cessent de changer d'entraineurs et qui sont dépourvus d'encadrement spécial reflètent le rendement actuel de l'équipe nationale", estime-t-il. -UNE PEPINIERE DE JEUNES ESPOIRS. La vision des enfants prodiges de la ville dépasse la théorie pour se traduire dans les faits à travers des initiatives concrètes. Parmi les expériences à méditer, celle de l'Association "Union Bni Yekhlef", qui se charge de la gestion de l'école de football encadrée par Taher Raâd et l'ex-ballon d'or africain Ahmed Faras et qui est parvenue à construire un Centre de formation à Bni Yekhlef (relevant de la province de Mohammedia). Cette Association dispose aujourd'hui d'un terrain gazonné, équipé de vestiaire et d'une salle pour les cours théoriques.
-DES SACRIFICES... POUR QUE LES CHOSES CHANGENT.
Le football féminin est également concerné par cette dynamique enclenchée par les sacrifices de ceux qui portent la ville des fleures dans leurs coeurs et qui ne manquera pas de donner ses fruits. Créé il y a six ans, un certain Raja de Aïn Harouda, représentant du football féminin dans la ville (1ère division) et champion du Maroc en titre fait déjà ses premiers pas au-delà des frontières. Il participera, en effet, au tournoi d'amitié qui sera organisé en Algérie du 3 au 10 mars prochain et au championnat d'Afrique du Nord qu'abritera le Maroc en juillet prochain. Cette équipe pourrait bientôt avoir une adresse fixe, après la fin des travaux d'aménagement du stade "Dakhla", financé par l'INDH et le ministère de la Jeunesse et des Sports.
-MEME EN MER, MOHAMMEDIA EXCELLE.
La ville de Mohammedia dispose d'une glorieuse histoire en sports nautiques. Il suffit pour cela de citer des noms tels Mohamed Ouadaâdaâ (champion du Maroc et olympique en 1983, 85, 86 et 88), Bit Khalid, champion des jeux arabes en 1994 (actuel entraîneur de la sélection nationale), Abderrahim Khaydour, champion du Maroc en 1993 et Nabil Asraoui. Ironie du sort, l'importante infrastructure dont dispose la ville, à savoir la base des sports nautiques, demeure incapable d'assurer la pérennité de cette discipline. Selon Ouadaâdaâ, devenu directeur de cette base aux critères internationaux construite en 1983 afin d'abriter les Jeux Méditerranéens, les installations à haut niveau existant "ne sont pas appropriées pour la formation des jeunes!". Les enfants de Mohammedia, jeunes et vétérans, partagent aujourd'hui nostalgie, espoir et esprit de défi pour redorer le blason du sport dans leur ville.