Le KAC de Kénitra, le club historique de la ville, se trouve ces dernies temps dans une tourmente qui risque de handicaper sérieusement ses chances d'entrer de plain pied dans le professionnalisme et de retrouver son lustre d'antan. Par Abdelhamid Garda Le club à l'histoire prestigieuse est aujourd'hui au coeur d'un imbroglio juridique à rebondissement qui semble s'éterniser entre son président, M. Hakim Doumou et un comité de redressement. Le conflit a pris encore des dimensions avec la nouvelle plainte de M. Doumou devant le tribunal administratif de Rabat contre le Pacha de la ville. M. Doumou accuse ce dernier d'avoir outrepassé ses prérogatives en refusant de reconnaître le nouveau bureau dirigeant du club issu de l'assemblée générale ordinaire tenue le 28 juillet dernier à Kénitra. Ce que les autorités locales démentent affirmant qu'elles ne peuvent cautionner une réunion non réglementaire. Entretemps, le comité de redressement et certains membres du club sont toujours en attente d'une décision du tribunal concernant une contestation de la légalité de cette assemblée générale. Les plaignants reprochent à M. Doumou de commettre des violations en série du statut du club: prise de décisions de manière unilatérale, non respect du règlement lors de la convocation des membres du club à l'assemblée générale, changement du lieu et de la date de l'assemblée sans aviser dans les délais les impartis, les autorités locales, enregistrement de nouveaux adhérents sans ouvrir la liste des adhésions, interdiction à un huissier de justice d'assister à l'assemblée générale. Le KAC, sauvé in extremis la saison dernière de la relégation en deuxième division risque, en l'absence d'une solution rapide pour s'assurer une stabilité de rater le coche du professionnalisme entamé cette année et de souffrir des séquelles de cette situation pendant bien longtemps. L'instabilité provoquée par ce remous constitue une source de tension permanente pour l'équipe, attisée par l'entrée en ligne des fans du club, bien organisés du reste au sein de "Hélala Boys". Ces derniers sont descendus plusieurs fois dans la rue et menacent encore de le faire pour réclamer la démission de M. Doumou, ce qui met à rude épreuve les services de sécurité et les autorités locales. Celles-ci sont constamment sollicitées par les membres du comité de redressement et du club pour intervenir et mettre fin à cette situation. Elles ont multiplié les initiatives notamment par l'intermédiaire d'un comité des sages pour trouver une solution à l'amiable. Elles ont proposé la constitution d'un comité provisoire tripartite, composé des représentants du comité de redressement, du bureau dirigeant actuel du KAC et du comité des sages pour superviser le renouvellement des membres du club et préparer l'organisation d'une assemblée générale pour l'élection d'un nouveau bureau dirigeant. M. Doumou a confirmé à la MAP qu'il est prêt à présenter sa démission de la présidence à condition de s'assurer que le club sera dans de bonnes mains. Il a indiqué avoir envoyé une lettre dans ce sens au Wali de la région, où il demande aussi un remboursement de 207 millions de centimes qu'il avait prêtés au club, plus 233 autres millions de centimes de créances, dont il s'est porté garant. Pour M. Doumou, le club ne connaît pas de réels problèmes. "Les problèmes du club ont été créés de toutes pièces par des personnes de l'extérieur, qui prêchent la fausse rumeur" pour monter le public contre lui. Il accuse ses détracteurs de chercher à "déstabiliser le bureau dirigeant pour le remplacer par une comité provisoire". De leur côté, ses opposants, réunis au sein du comité de redressement, affirment qu'ils ne lâcheront pas prise "tant que M. Doumou campe à la tête du KAC et ne rend pas compte de sa gestion financière et professionnelle du club". Le coordinateur du comité et ancien membre du bureau dirigeant, M. Mohamed Filali a affirmé à la MAP que le comité n'est pas intéressé par la direction du KAC. Son seul souci, a-t-il dit, est le renouvellement de la liste des membres du club de manière transparente et l'organisation d'"élections démocratiques pour le choix d'une nouvelle direction capable de conduire l'équipe à bon port". Toutefois, quels que soient les arguments avancés par les uns et les autres, le principal perdant demeure la ville et son club qui, contre vents et marrées, a démarré la saison sous de bons auspices. Il risque, toutefois, de sombrer à tout moment si cette situation perdure, car elle perturbe joueurs et staff technique. Le coach de l'équipe lui-même, Aziz karkach, n'a pas caché sa préoccupation des conséquences de cette crise sur les résultats de l'équipe. Aucun entraineur ne réussira à Kénitra dans un climat aussi perturbant, a-t-il dit à l'issue du match qui a opposé, ce week-end at-home, le KAC à l'Ittihad Zemmouri de Khémisset et qui a failli finir en queue de poisson. Les joueurs avaient refusé de reprendre le match en deuxième mi-temps pour protester contre la "forte pression et les insultes", dont ils sont l'objet de la part des supporters du club.