La femme saoudienne sera pleinement associée à la prise de décision politique, suite à la décision du Roi Abdallah ibn Abdellaziz, serviteur des lieux saints de l'Islam, de lui accorder le droit d'entrée à Majlis Al-Choura en tant que membre à part entière à partir de la 6ème session, de voter et d'être éligible aux élections municipales lors du troisième mandat, le second mandat de ces élections auront lieu, demain jeudi. Par El Mokhtar Semlali Ces décisions, annoncée par le Serviteur des Lieux Saints de l'Islam dans une allocution prononcée le 25 septembre dernier à l'ouverture des travaux de la 5ème session de Majlis Al Choura, ont été qualifiées d' " historiques ", puisqu'elles ont rendu justice aux femmes saoudiennes qui aspiraient toujours à participer, côte à côte avec les hommes, à la consolidation du processus de développement de la société saoudienne. Le Roi Abdallah a souligné, dans ce sens, qu'une " modernisation équilibrée, en conformité avec nos valeurs islamiques qui défendent les droits, est une demande importante dans ce siècle où il n'y a plus de place aux récalcitrants et hésitants". Il a fait observer, dans le même ordre d'idées, que "dans l'histoire de l'islam et depuis l'époque du Prophète, la femme a fait preuve, dans diverses situations, de perspicacité et de bon jugement". Dans la société saoudienne, la femme n'a jamais été marginalisée mais au contraire, elle exerce en tant qu'institutrice et médecin, et occupait des postes prestigieux dans les plus grandes universités locales et internationales. De plus, elle est devenue un intervenant principal dans les sphères scientifiques, économiques et littéraires et dans tous les domaines de développement. La reconnaissance de son droit à l'éligibilité à Majlis Al Choura et aux élections municipales vient institutionnaliser cette participation et lui donner l'opportunité d'exprimer à haute voix ses revendications et ses opinions. Cette démarche a été le couronnement de plusieurs mesures prises précédemment pour soutenir les causes justes de la femme saoudienne: accès aux postes de responsabilité dans plusieurs domaines, notamment l'enseignement et la médecine, participation en tant que membre aux conseils des chambres de commerce, aux clubs littéraires, etc. Certes, le 25 septembre sera dorénavant gravé dans les mémoires, comme étant un jour crucial dans la vie de la gente féminine en Arabie Saoudite, puisqu'il a vu l'adoption d'une décision qui va profiter à plus de 9 millions de femmes ayant longtemps lutté pour qu'elles soient impliquées dans la prise de décision au même titre que les hommes, et qui ont finalement eu gain de cause. Privées de participer au 1er mandat des élections municipales de 2004, ainsi qu'au deuxième qui démarre, demain jeudi, les femmes saoudiennes ne se sont pas désistées. Durant les dernières années, elles ont investi les médias et mené plusieurs campagnes de sensibilisation pour faire valoir leur droit à la participation à ces échéances. Majlis Al Choura compte plusieurs membres observateurs de sexe féminin, dont le nombre a été porté, il y a deux ans, de 6 à 12 membres, une manière de briser l'image stéréotypée tendant à présenter la femme saoudienne comme un membre inactif d'une société ultra conservatrice. La reconnaissance du droit des femmes à la participation à Majlis Al Choura et aux élections municipales a eu des échos positifs dans les milieux politiques à l'échelle locale et internationale. Les observateurs et les décideurs se sont accordés à qualifier cette décision d'importante et d'avant-gardiste, qui permettra à la femme saoudienne de participer directement à la prise de décision et de prendre la défense de ses semblables et marquera son entrée de plain-pied dans le champ politique. Versant dans le même sens, Al-Jaouhara Bint Saoud Al Jamil, présidente de la commission de la femme du dialogue national de la province d'Ha'il, a déclaré à la presse qu'il s'agit d'une démarche prévisible dans le cadre des réformes administratives conduites dans le royaume en parfaite harmonie avec les mutations sociales et avec les règles de la Charia, et qui découlent de la volonté du Serviteur des Lieux Saints de l'islam de préserver la dignité du citoyen saoudien et de défendre ses intérêts. De son côté, Samira Souirh, membre du conseil d'administration de la chambre d'Ach-Charqiya, a considéré que les décisions du souverain marquent le début d'une nouvelle ère pour la femme saoudienne, sur les plans social, politique et culturel. Elles constituent, a-t-elle ajouté, une reconnaissance du rôle politique de la femme, qui lui accorde la place qui lui revient en tant que citoyenne à part entière. Le même satisfecit est affiché par plusieurs acteurs locaux qui ont été unanimes à considérer que la décision du Roi Abdallah est de nature à consacrer le principe d'égalité entre hommes et femmes, et de booster le processus de réformes lancé par le Royaume. Il s'agit, incontestablement, d'une décision judicieuse et courageuse qui va ouvrir aux femmes saoudiennes de nouveaux horizons pour promouvoir leur situation et prendre part au processus de réforme et de modernisation du pays, relèvent des observateurs.