Perchée sur les hauts sommets arides et escarpés, mais combien splendides, du Haut Atlas Oriental, la localité d'Imilchil demeure l'une des régions du Maroc les plus riches aussi bien par son histoire et ses traditions que par la splendeur de ses paysages naturels. Par Mohamed Koursi Avec l'architecture de ses maisons traditionnelles construites en pisé (terre battue) et ses paysages magnifiques et variés (montagnes, lacs, plateaux etc.) d'une rare beauté pour le plaisir du visiteur, notamment les amateurs des randonnées, la région d'Imilchil reste l'endroit idéal pour toute personne en quête du calme et de la quiétude. On dirait une carte postale ou une oeuvre magique d'un artiste peintre chevronné. Le visiteur, qui se rend pour la première fois dans de cette région reculée du Royaume et connue par ses habitants, simples mais chaleureux et accueillants, se laisse emporter dans un voyage dans le temps, que l'on souhaite le plus long possible, à la découverte de l'authenticité et l'originalité. D'autre part, et à la faveur de sa position géostratégique entre l'Est et l'Ouest du Haut Atlas, Imilchil s'érige en un point de rencontre à même de servir d'escale dont rêvent les passionnés du tourisme de montagne et du désert. En d'autres termes, la région constitue bel et bien le point de transit idéal pour la visite des villes touristiques dans le désert marocain comme Errachidia, Tinghir, Erfoud, Merzouga, Zagora ou encore Ouarzazate. Une histoire séculaire où s'entremêle le légendaire et le réel Cette bourgade perchée à une altitude dépassant les 2.200 mètres, a su préserver au fil du temps son cachet culturel, son authenticité et ses spécificités grâce à l'attachement de ses habitants aux traditions ancestrales malgré certaines tentations de la vie moderne. En témoigne la célébration annuellement du moussem des fiançailles, perpétuant ainsi une légende éternelle glorifiant l'amour idyllique. En effet, derrière cette fête populaire (moussem), se cache une légende qui nous rappelle la tragédie shakespearienne de Roméo et Juliette. Selon cette légende romantique, un jeune homme de la tribu Ait Ibrahim aurait succombé au charme d'une jeune femme des Ait Azza. Toutefois, les rivalités entre les deux factions auraient entravé l'aboutissement de cette union. Leur amour fut alors condamné à l'échec. Devant l'obstination des parents et des membres des deux factions, le jeune couple pleurait séparément son affliction, de chaque côté, à tel point que les larmes auraient formé un lac, donnant naissance ainsi aux deux célèbres lacs jumeaux "Isli" (nom du jeune homme) et "Tislit" (nom de la jeune femme). Une autre version de l'histoire raconte que le jeune couple est parti se marier en cachette mais ils pleurèrent tellement que leurs larmes formèrent les deux lacs précités. La mort du couple a marqué à jamais le village. Depuis, les différentes factions familiales et tribales décidèrent de ne plus s'opposer à l'union entre un homme et une femme. Le moussem c'est aussi une manifestation à dimension économique Au-delà d'une célébration annuelle de mariages collectifs, cette manifestation dont la notoriété a dépassé les frontières nationales, s'est érigée en une véritable foire qui intervient à la fin de la récolte agricole. En effet, le site du moussem qui n'est autre qu'un grand souk traditionnel situé à une vingtaine de kilomètres de la ville d'Imilchil, autour du Saint Sidi Hmad Oulamghani au village d'Ait Aameur (commune rurale de Bouzmou), connaît une activité commerciale intense vu qu'il constitue, autrefois, la seule occasion pour les habitants des différents douars de s'approvisionner ou d'écouler leur production au cours de l'année. Connu également, chez les Aït Hdiddou et les autres tribus sous l'appellation "Agdoud n'Oulmghani" (en berbère) ce qui veut dire "le rassemblement d'Oulmghani", en référence au saint Sidi Ahmed Oulmghani dont la tombe repose sur la place du Moussem, ou encore sous l'appellation "Souk Ame" (le marché de l'année), attire les différentes tribus de la région qui s'y rencontrent et nouent des contacts. Le festival "Musique des Cimes", une initiative louable pour préserver le cachet culturel de la région Soucieux de pérenniser ce moussem dans toutes ses dimensions culturelle, économique et touristique et de préserver le cachet original de la région, des acteurs locaux, avec à leur tête des membres du Centre Tariq Ibn Ziyad, ont décidé d'organiser annuellement et en parallèle du moussem des fiançailles, le festival des "Musiques des cimes", une initiative louable qui en est cette année à sa 8ème édition tenue récemment (du 15 au 17 septembre). A travers cette manifestation, initiée par le centre Tariq Ibn Ziyad en collaboration avec le conseil provincial de Midelt et le conseil de la région de Meknès-Tafilalet, les organisateurs ambitionnaient de contribuer à la préservation du patrimoine culturel et symbolique de la région, en offrant l'opportunité de découvrir les traditions des tribus locales et partant promouvoir le tourisme de montagnes et favoriser une dynamique économique, a expliqué à la MAP, le directeur du centre Tariq Ibn Ziyad à Midelt, M. Youssef Ait Lemkadem. Ce festival, lancé en 2003, a donné un nouveau souffle à ce célèbre moussem et continue au fil des éditions de contribuer à la préservation de l'authenticité et l'originalité du patrimoine culturel de cette région du Maroc profond et à la mise en place d'une nouvelle économie de nature à garantir un développement local durable et ce, en adoptant une approche participative des acteurs associatifs locaux et des populations, a ajouté M. Ait Lemkadem. Espace de rencontre et d'échanges, cette manifestation s'est en outre érigée en un véritable levier de développement de l'activité touristique, dans la mesure où les organisateurs veillent à concevoir un programme riche et diversifié pour chaque édition et à faire appel à des artistes nationaux de renom et à des troupes étrangères pour animer les soirées du festival en vue de drainer davantage de touristes et de passionnés des musiques de montagnes, a-t-il conclu.