Phénomène social dont souffre, à l'instar des autres villes du Royaume, la ville de Tétouan, les vendeurs ambulants communément appelés " Ferrachas ", constituent à n'en point douter un véritable casse-tête chinois aussi bien pour les autorités que pour la population. .-Par Mustapha el Kadaoui-. On les trouve partout, dans les quartiers dits populaires, au centre ville, aux alentours des marchés, en fait là ou se concentre la population. Toujours aux aguets du moindre client, ces commerçants informels qui proposent tout et n'importe quoi, finissent par agacer même les plus " humanistes" en raison de leur attitude envahissante et parfois de leur comportement agressif, les disputes et querelles entre eux sur l'espace à occuper. En résumé, ils constituent un cas social, que même les autorités s'avèrent incapables de résoudre. A Tétouan, en particulier au centre ville (la médina), ce problème est plus ressenti en raison de l'exiguïté des ruelles et avenues, ce qui nuit aux piétons et même aux automobilistes qui éprouvent toutes les difficultés du monde à se frayer un passage, et gare à celui qui proteste oralement ou à coups de klaxon. Le phénomène a tellement pris de l'ampleur en ce mois sacré du Ramadan, qu'un " mur " a été crée sur le réseau social "Facebook " avec pour thème " Tous contre le commerce ambulant dans les rues de Tétouan ". Une simple lecture des commentaires des uns et autres, montre à quel point les avis sont loin d'être partagés. Si certains s'insurgent contre ces "envahisseurs ", d'autres estiment que ces vendeurs ont le droit de subvenir à leur besoin quelque soit la méthode. Ils rejettent la responsabilité sur les autorités et le chômage. D'autres disent comprendre les raisons qui ont poussé ces gens à s'emparer de l'espace public pour étaler leurs marchandises mais les exhortent à s'organiser et à trouver des endroits plus adéquats. "La liberté des uns s'arrête là ou commence celle des autres ", insistent-ils. Tout porte à croire que ce débat eternel n'est pas prêt de clore de sitôt et ce ne sont pas le mesures, parfois timides, prises ça et là qui empêcheront ce phénomène de se proliférer, parfois, au nom d'une " paix sociale ".On est loin du souhait, voire du " rêve " des autorités et en particulier des élus de voir la ville de la Colombe blanche se débarrasser, une fois pour toutes, de cette épine dans le pied. Il ya un peu plus d'un an, le président de la Commune urbaine de Tétouan M. Mohamed Idaomar était monté au créneau affirmant que sa ville voulait devenir une ville sans marchands ambulants. "On veut mettre fin à cette problématique et tourner définitivement cette page, non pas en menant une guerre contre les marchands ambulants mais en les organisant, en les encadrant, voire en les aidant", avait indiqué M. Idaomar lors d'un point de presse, suite à la décision de raser le marché Sidi Talha, un espace désaffecté construit illégalement en 2002 et qui servait, selon lui, uniquement d'abri aux marginaux. "Cette catégorie de commerçants informels doit être organisée et c'est dans cet esprit que la commune a mis à leur disposition, du moins ceux qui ont été recensés officiellement (environ 250) de locaux dans des marchés qui viennent d'ouvrir et dans ceux existant déjà", avait-t-il souligné. Et le maire de la ville d'ajouter: "Nous estimons que ces gens font partie intégrante de l'activité économique de la ville, encore faut-il qu'ils exercent leur métier dans la légalité, la dignité, le respect des droits d'autrui, à l'abri des aléas climatiques et des tracasseries de tout genre". Il avait à l'époque fait état d'un "plan stratégique" pour la restructuration des différents marchés de Tétouan et de l'ouverture de certains d'entre eux, notamment celui de Souk Imam Malek et celle prochaine de Souk el Gharsa Lkbira au quartier Mhennach. Force est de constater qu'une année après, la situation ne semble guère changer. Les Ferrachas sont encore là, omniprésents, grignotant de plus en plus l'espace public au détriment des commerçants formels, et les habitants de Tétouan n'ont d'autre choix que de s'en accommoder, malheureusement.