L'imposante façade du tribunal en face de la place Mohammed V s'est transformée, mercredi soir, le temps d'un spectacle d'ouverture du festival de Casablanca en un gigantesque écran où était projetée une fresque vidéo monumentale retraçant l'évolution de la civilisation et l'histoire séculaire du Maroc. Une poésie urbaine qui a reproduit, dans des scènes riches en couleurs, le croisement d'influences, la diversité culturelle au fil des siècles mais aussi les constructions arabo-mauresques et paysages du pays avec ses ksours et désert, sous les ovations d'une marée humaine qui a pris d'assaut le centre historique pour assister au défilement, sur fond de musique puisée dans le répertoire national avec un panachage andalou, populaire et moderne, de tableaux représentant la dynamique et la multi dimensionnalité d'une ville multiple, complexe, débordante d'énergie mais humaine et accueillante. Une fresque conçue pour les Bidaoui par les compagnies Motus Module, Kidam et Inko'nito et l'artiste français Xavier de Richemont qui a monté une installation vidéo pour la ville, une oeuvre inédite, une des plus grandes surprises de ce festival qui animera, quatre jours durant, la métropole de Casablanca. Une dizaine de personnes tout de blanc vêtues, chacune portée par une grappe de ballons blancs se transformant peu à peu au rythme des chants en des créatures volumineuses aux têtes lumineuses et émergeant du palais de justice vers le centre de la place, ont ouvert le bal de ce spectacle avant qu'un admirable feu d'artifice ne vient, enfin, souhaiter la bienvenue et annoncer l'ouverture des festivités. Cette édition, la 7ème, affiche le désir de continuité, de la persévérance sur la même lancée que la précédente en mettant en avant, aux côtés de la musique, un spectacle de lumière en hommage à la cité et un programme "Nouzah Fennia" (balades artistiques). Le pari à tenir est de se renouveler, de proposer une meilleure programmation, d'offrir plus beau et plus intéressant et surtout continuer à surprendre le public pour franchir un nouveau palier d'affluence, selon le président du festival Farid Bensaïd. L'ambition est d'en faire un incontournable festival et l'attraction emblématique la plus fréquentée du pays avec près de 2,5 millions de festivaliers en quatre jours de fête, de scènes ouvertes au public et des spectacles gratuits, a-t-il ajouté. Le festival, qui se veut éclectique, va célébrer, comme à son accoutumée, la diversité des genres. Soul, fusion, world, hip hop, rai, reggae, chansons amazighes et variétés marocaines sont au rendez-vous avec une quarantaine de concerts, qui vont sillonner les principales artères et rendre hommage à deux stars de la scène artistique : le maître incontesté du reggae Bob Marley et le poète palestinien Mahmoud Darwish, décédé en 2008. Le public, connaisseur ou néophyte, n'aura que l'embarras du choix, même s'il ne peut être partout, de spectacles musicaux, mais aussi des shows en plein air et des balades dans le cadre des Nouzah Fennia. Il est également prévu des ateliers autour du patrimoine de Casablanca, des rencontres artistiques et culturelles dans plusieurs espaces publics, notamment La Coupole (parc de la Ligue Arabe), la gare Casa Voyageurs, la cathédrale du Sacré-Coeur, le jardin de la mosquée "Al Qods" à Roches Noires, l'école supérieure des Beaux-Arts et la fabrique culturelle des anciens abattoirs. Après ce spectacle d'ouverture, place donc à la musique. Comme tous les ans, Casablanca s'ouvre en grand. A la scène d'El Hank, la musique gnaoua sera à l'honneur mêlant et entremêlant à volonté jazz, reggae et funk avec les Mayara Band. Une scène où le Brésil s'invite avec le talentueux Carlinhos Brown alliant, chant, percussion et danses. A quelques encablures du centre historique de la cité, la place Rachidi propose au public de découvrir la magie d'un concert live avec Ayo. La chanteuse passera des sonorités acoustiques de son premier album à la guitare électrique, résolument moderne et offensive de son nouveau succès, "Billie-Eve". Dans un autre registre, un concert inédit marquera l'ouverture du festival avec un hommage rendu à Bob Marley par le groupe marocain Bob Maghrib. Un récital avec des arrangements nouveaux et des instruments marocains et africains. La grande scène de Sidi Bernoussi ne sera pas du reste et accueillera, quant à elle, les Africa United et leur musique synthétique pour une soirée aux consonances africaines. Saïd Ould Lhouwat viendra ensuite faire écho au groupe tout en affichant sa différence avec son nouvel album "Saferti chi Ayam" sorti en 2011. Sur la scène de Ben M'sik, le groupe Essiham retrouvera un public fidèle avant de céder la place à Marcel Khalifé et à sa troupe "El Mayadine" pour l'hommage au grand poète arabe. L'ensemble rendra hommage à Mahmoud Darwich dans ce qui peut être l'un des moments forts de cette 7ème édition. La musique marocaine sera également au rendez-vous avec toutes les disciplines : Chaâbi, chanson amazighe, hip hop, fusion, soul, raï et aïta notamment avec Zina Daoudia, Raïssa Fatima Tihihite, Youness El Guezouli, Souhail Al Bidaoui et Saïd Weld Lhouat, Leila Gouchi, Hatim Ammor, Mahmoud Guinea, Cheb Kader, Darga, Ahmed Soultan et Amayno. Le spectacle d'ouverture s'est déroulé en présence du Conseiller de SM le Roi , M. André Azoulay, du wali de la région du Grand Casablanca, M. Mohamed Halab, du gouverneur de la préfecture des arrondissements d'Ain Sbaa Hay Mohammedi, M. Amal Benbouker, et du président du conseil de la ville M. Mohamed Sajid.