Des hommes de lettre, de culture et d'économie et des responsables marocains et étrangers ont examiné, dimanche lors du premier colloque de la 33ème édition du moussem culturel d'Asilah, la question de l'immigration et sa relation avec l'identité nationale et universelle. A cet égard, le ministre délégué chargé de la Communauté marocaine à l'étranger, M. Mohamed Ameur, a estimé que la réussite de l'intégration des immigrés dans les sociétés d'accueil nécessite de dépasser la notion de l'identité nationale dans le sens étroit pour revendiquer l'identité universelle comme espace d'acceptation de l'autre. Cet objectif ne peut être atteint que si l'ensemble des intervenants dans le domaine de l'émigration, aussi bien dans les pays d'origine que ceux d'accueil, en vue de faire face au racisme et à la stigmatisation de l'autre, a noté le ministre, mettant l'accent sur l'importance de la tolérance, de l'ouverture et de l'échange culturel pour une intégration sans complexes des immigrés. L'accent est trop souvent mis sur les aspects négatifs de la migration, ce qui a pour effet d'exacerber les tentions et les extrémismes, aux dépens des valeurs de cohabitation, et de générer les clivages entre les sociétés d'accueil et les immigrés, a ajouté M. Ameur. L'absence d'une approche concertée et globale entre les pays autour de cette question, prenant en considération l'ensemble des dimensions politiques, économiques et sociales, nuit à la capacité des Etats à gérer de manière optimale les flux migratoires, qui constituent pourtant un phénomène positive, créateur de richesse et qui contribue à la compréhension entre les peuples, a-t-il indiqué. De son côté, l'ancien ministre argentin des Affaires étrangères, M. Jorge Taiana, a mis l'accent sur le caractère mondialisé du phénomène de l'émigration, appelant à aborder le sujet à travers une vision large englobant tous les aspects, politiques, économiques et sécuritaire, tout en prenant en considération l'inéluctabilité de la mobilité des humains. Pour sa part, M. Peter Schatzer, chef du cabinet du directeur général de l'Organisation mondiale pour les migrations, a relevé la prééminence du facteur économique comme déclencheur de la migration, mettant l'accent sur la nécessité de trouver un modèle de migration bénéficiant à la foi au pays d'accueil et au pays d'origine, et de faire face à l'émigration clandestine. Le président du Conseil de la communauté marocaine résidant à l'étranger, M. Driss El Yazami, a jeté la lumière sur l'ampleur de ce phénomène au niveau mondiale, évoquant un rapport des Nations unies élaboré en 2009 et qui fait état de quelque 214 millions de migrants dans le monde. Le monde vit actuellement la troisième étape de la mondialisation des mouvements humains dans l'ère contemporaine, après les migrations vers l'Amérique et l'émigration de la main d'oeuvre induite par la révolution industrielle, a-t-il précisé, ajoutant qu'à la différence des précédentes, cette troisième étape couvre le monde entier. D'autres participants ont abordé notamment les questions de la relation entre émigration et développement, de la fuite de cerveaux et de la dimension culturelle de l'émigration, souvent occultée par les aspects économiques du phénomène.