Le public tétouanais et en particulier, les mordus de la musique andalouse, se sont donné rendez-vous, vendredi soir au mythique Théâtre espagnol de la ville, pour assister à un concert de musique Al-âla, organisé en commémoration du 40e jour du décès tragique du virtuose de cette musique, feu Ahmed ben Larbi El Gazi, le 30 avril dernier à Tanger. Organisée à l'initiative de Mohamed Amin El Akrami chef de l'orchestre Mohamed Larbi Temsamani relevant du Conservatoire de musique de Tétouan, dont feu El Ghazi était membre, cette cérémonie s'est déroulée en présence notamment des membres de la famille du défunt, des élus, des personnalités de du monde de l'art, de la musique et d'un public de fin connaisseurs. Des morceaux du répertoire de cette musique notamment " Al Jalala", " Insiraf bsit rmal al maya" et de la sanaa "Sallou ala alhadi Arrasoul ", louanges à la gloire du prophète Sidna Mohammed (PSL), ont été interprétés lors de cette soirée sur laquelle a plané l'esprit de celui qui était considéré comme "le chevalier du Rbâb", cet instrument mythique arabo-andalou appartenant à la famille de l'Oud. La soirée a été précédée de témoignages à la mémoire de ce musicien hors pair, dont celui du dramaturge, comédien et parolier marocain Ahmed Taie El Alj qui n'a pas tari d'éloge à l'endroit de celui qu'il a côtoyé à différentes occasions et étapes de sa vie, en particulier lors de voyages artistiques à travers le monde. Il cite à cet égard le dicton marocain selon lequel "si tu veux bien connaitre ton ami, voyage avec lui". Tout au long de cette soirée mémorable, l'orchestre de Mohamed Amine El Akrami, étoffé par certains artistes de différents orchestres du pays, ainsi que public ont chanté à l'unisson des morceaux tirés du répertoire aussi riche que varié de cet art qui constitue la fierté des marocains. Feu Ahmed El Gazi, renversé, le 30 avril dernier à Tanger, par un véhicule de transport du personnel alors qu'il traversait la rue, est descendant d'une prestigieuse famille de musiciens, fabricants et interprètes de l'instrument le plus emblématique de la musique arabo-andalouse, le Rbâb. Né à Tétouan en 1955, il accompagne son père, joueur émérite du Rbâb dont il reprend le flambeau, intégrant ainsi les grands orchestres dirigés par les maîtres incontestés de la musique Al-âla en l'occurrence Larbi Temsamani et Abdessadek Chekkara. Son parcours musical lui permettra également de côtoyer des artistes étrangers de renommée tels Pepe Herredia, El Lebrijano, Haim Mlouk, Michael Nyman et Enrique Morente. En organisant cette soirée et cette cérémonie à la fois émouvante et riche musicalement, Mohamed Amine El Akrami et son orchestre ont voulu rendre un dernier hommage à cet artiste dont la disparition tragique et soudaine a provoqué un choc et une profonde consternation dans le monde de l'art et en particulier, chez les amateurs de cet art ancestral.