Animé par la volonté de présenter un cinéma "positif" reflétant une belle image du Maroc, le réalisateur marocain Mohamed Ahed Bensouda tente d'en faire une démonstration dans son long-métrage "Moussem Lamchaoucha". Propos recueillis par Zahra Najah Dans un entretien accordé à la MAP, Bensouda ne cache pas son désaccord avec les thèmes traités par plusieurs films marocains qui abordent des problèmes comme la drogue, la corruption, la prostitution et l'émigration, sans songer à refléter les nombreux progrès et points forts du pays. Le pire, dit-il, c'est que ces films sont souvent ceux retenus pour représenter le Maroc dans les festivals régionaux et internationaux, ce qui pourrait donner une image négative du Maroc à l'étranger. "Le Maroc regorge de belles choses issues de sa culture, sa civilisation, son patrimoine et sa diversité", a-t-il rappelé, ajoutant que le cinéma peu servir à exporter le vrai visage du pays, notamment à l'occasion des festivals internationaux qui enregistrent une forte participation du film marocain, souvent récompensé. Pour M. Bensouda, la présence accrue du cinéma marocain sur la scène arabe, africaine et internationale, comparativement au recul des cinémas des pays de la région, joue en faveur des professionnels marocains qui doivent saisir cette occasion pour impulser la commercialisation de leurs films. Le réalisateur de "Moussem Lamchaoucha" s'est également demandé pourquoi les cinéastes marocains ne travaillent pas sur des thèmes qui mettent en valeur l'histoire de leur pays et servent sa politique, à l'image de leurs confrères égyptiens. Donnant l'exemple, le réalisateur a affirmé qu'il est entrain de préparer un long métrage sur l'épopée de la Marche Verte, qui constitue un tournant dans l'histoire du Maroc moderne. Il a également annoncé la préparation d'un film télévisé inspiré de l'une des merveilles de la poésie marocaine de l'art du Malhoune. Concernant le bilan du cinéma national lors des dix dernières années, Bensouda a souligné la nette augmentation du nombre des films produits. D'autre part, le réalisateur a mis l'accent sur le rôle que doit jouer le secteur privé, encore absent, selon lui, de l'investissement cinématographique. Pourtant, ce secteur peut jouer le rôle d'un vrai levier pour le cinéma marocain, que se soit au niveau de la production ou de la distribution. Le film "Moussem Lamchaoucha", projeté dimanche en compétition officielle du Festival national du film (FNF), raconte une histoire d'amour inachevée, mais réhabilite également des pratiques culturelles tombées dans l'oubli, notamment un sport de combat très ancien appelé "Lamchaoucha", pratiqué à l'occasion des fêtes religieuses. Une cinquantaine d'acteurs et quelque 5.000 figurants ont participé à ce long métrage, marqué par l'intérêt particulier accordé aux décors et costumes qui servent à placer le film dans un cadre historique. Ce film a participé récemment au Festival international du film du Caire, ainsi que dans d'autres festivals aux Etats-Unis et en Inde. Mohamed Ahed Bensouda a déjà signé plusieurs courts métrages, dont, "Le silence violé" (1993), "La jarre" (2003), "la vitrine" (2004), "Souffrance" (2004) et "Le Cadeau du Baptême" (2005). Il a également réalisé un long métrage télévisé pour 2M, "L'ombre du loup" (2005).