Après avoir travaillé sur la question de l'émigration, le cinéaste marocain Mohamed Ismail met le cap, dans son dernier long métrage, sur un autre problème qui touche une frange de notre société, celui du chômage des jeunes diplômés. .-Par Hicham Boumehdi-. Dans son film "Les gars du bled", projeté en compétition officielle de la 11ème édition du Festival national du film, le réalisateur examine le sentiment de frustration qu'engendre ce problème et trace plusieurs scénarii à partir des décisions que sont amenés à prendre les jeunes chômeurs pour tenter de sortir de cette situation. Le long métrage (113 minutes) raconte l'histoire de trois copains originaires de Oued Laou. M'faddal (Rachid El Ouali), Abdeslam (Saâd Tsouli) et Abdelhamid (Said Bey) ont brillamment réussi leurs études supérieures à Rabat, mais leurs tentatives de décrocher un travail à la hauteur de leurs ambitions échouent. Alors que Abdelhamid et Abdeslam décident de rentrer dans leur village natal et se résignent à monter de petits projets ne correspondant nullement à leurs diplômes, M'faddal préfère s'installer à Rabat en compagnie de ses amis Laarbi et Mustapha, avec lesquels il s'engage dans l'action du mouvement des diplômés chômeurs. Les événements se succèdent et M'feddel, déçu par un amour sans lendemain et l'impossibilité de voir ses rêves aboutir, rentre à son tour à Oued Laou. Pendant ce temps, Abdeslam, au travail peu rémunérant, tente tant bien que mal de mener à bien un projet de mariage longtemps reporté et Abdelhamid, qui cherche une réponse à ses questionnements dans l'idéologie salafiste, bascule rapidement dans un réseau intégriste. De retour à Oued Laou, M'feddel renoue les liens avec Saâdia (Mouna Fettou), son ancien amour, veuve d'El Ktami (Mohamed Khouyi), un trafiquant de drogue tué dans un règlement de comptes. Dès lors, le chemin est tout tracé pour M'feddel. Il intègre le réseau du trafic de drogues et s'impose rapidement comme successeur d'El Ktami. M'feddel, qui n'imaginait pas devenir trafiquant de drogue, compte se retirer bientôt de ce "business" totalement opposé à ses principes. Mais le destin en voudra autrement et il sera vite rattrapé par les séquelles de ce milieu impitoyable. Tout en mettant en garde contre les liens pouvant exister entre chômage, drogue et intégrisme, le film n'est pas sans relever l'espoir que représente le dynamisme de la jeunesse marocaine, rendant hommage à leurs efforts et leurs aspirations à une vie meilleure. Comme dans ces précédentes réalisations, Mohamed Ismail donne la part belle à la région du Nord, dont il est originaire. L'occasion pour lui de poursuivre son travail visant à mettre la lumière sur les mutations que connaît cette région. Les paysages de Oued Laou, Aouchtam et Tanger ont, par ailleurs, donné au film la crédibilité et cette impression de complémentarité et de dépendance entre les gens et la terre sur laquelle ils évoluent, devenue caractéristique de l'oeuvre du cinéaste. Mohamed Ismail est né en 1951 à Tétouan. Il est notamment l'auteur des long-métrages "Aouchtam" (1996), "Et après" (2000), "Ici et là" (2004) et "Adieu mères" (2007). Des films qui ont remporté plusieurs prix et distinctions au Maroc et à l'étranger.