L'affaire Omar Raddad a connu un nouveau rebondissement cette semaine après la décision d'un tribunal français de procéder à de nouvelles expertises ADN, relançant l'espoir du jardinier marocain qui, gracié mais pas innocenté du meurtre de son employeuse Ghislaine Marchal, réclame toujours une révision de sa condamnation de 1994. Saisi de l'affaire, le parquet de Grasse (sud-ouest de la France) a annoncé que de nouvelles expertises allaient être effectuées à partir des traces d'ADN retrouvées mélangées au sang de la victime en 1991 pour tenter de déterminer l'identité du meurtrier de Mme Marshal. Selon le procureur adjoint du tribunal de Grasse, Jean-Louis Moreau, l'objectif est d'établir un profil génétique du meurtrier pour une éventuelle inscription au fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) afin de faire des comparaisons. Du côté du ministère de la Justice, on est moins optimiste que les traces de sang puissent être exploitables. "On ne détient pas ici l'élément qui permettra de faire à coup sûr éclater une vérité", relève le porte-parole du ministère, Bruno Badré. "Il faut que l'ADN soit exploitable, qu'il y ait un élément de comparaison et donc des profils enregistrés au FNAEG qui correspondent aux ADN qu'on va récupérer", affirme-t-il. Me Sylvie Noachovitch, l'avocate d'Omar Raddad qui a remplacé Jacques Verges, estime, quant à elle, qu'il s'agit "d'une information primordiale". Grâce à cet enregistrement, "nous allons enfin pouvoir savoir qui a été le meurtrier de Mme Marchal (à la condition, bien entendu, que le ou les auteurs soient inscrits au fichier)", affirme-telle, précisant qu'une réponse est prévue "sous un mois". Pour sa part, Omar Raddad accueille la nouvelle avec "espoir", mais sans trop oser y croire. "J'ai eu trop de faux espoirs, trop de déceptions", confie-t-il au quotidien régional "Nice-Matin". "En 2002, lorsqu'un expert auprès de la Cour de cassation a dit que ce n'était pas Mme Marchal qui avait écrit sur le mur cette phrase qui m'accusait (ndlr: Omar m'a tuer), pour moi c'était sûr, on allait enfin m'innocenter. ça n'a pas été le cas", ajoute-t-il. "Tout ce que j'attends c'est la vérité", affirme Omar Raddad, notant que "tout ce que je sais, c'est que ce n'est pas moi." Aujourd'hui, la piste poursuivie est celle d'un sosie d'Omar Raddad. Ce sosie serait l'amant de la femme de chambre de Mme Marchal. "Je ne crois pas à cette histoire. Tout simplement parce que ce sosie je ne l'ai jamais croisé", affirme l'ancien jardinier. Condamné en 1994 à 18 ans de prison pour le meurtre de Mme Marchal dont il était le jardinier, le 23 juin 1991 à Mougins (sud-est), Omar Raddad continue de clamer son innocence même après avoir bénéficié d'une libération conditionnelle le 4 septembre 1998 après une grâce partielle accordée par l'ancien président de Jacques Chirac.