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Espagne: La polémique sur le nucléaire refait surface
Publié dans MAP le 26 - 01 - 2010

La polémique sur le nucléaire et ses répercussions sur la santé et l'environnement refait surface en Espagne après le refus opposé par plusieurs communautés autonomes d'héberger sur leur sol un dépôt de résidus nucléaires plus connus sous le nom de cimetières nucléaires.
- Par Jalila AJAJA -
Inscrite pourtant à l'avant des promesses électorales de l'actuel président du gouvernement espagnol, le Socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, qui s'est prononcé en faveur de l'abandon progressif du recours au nucléaire et son remplacement par les énergies dites vertes, la question nucléaire semble reprendre place dans le débat actuel en Espagne.
Aujourd'hui, le parc nucléaire espagnol compte six centrales qui produisent 20 pc de l'électricité consommée par le pays, mais dont la vétusté est souvent décriée par les associations écologiques de la place. Le pays est aussi le deuxième producteur d'énergie solaire au monde et le troisième pour l'éolien.
Des résidus nucléaires qui ne trouvent pas preneurs
Saturée par les résidus nucléaires de ses centrales, l'Espagne, à travers son gouvernement, est à la recherche d'un Dépôt Temporaire Centralisé (ATC), dit cimetière nucléaire, pour entreposer ses résidus nucléaires trop encombrants et dont personne ne veut.
Le gouvernement, qui a invité les différentes municipalités et communautés autonomes à présenter leur candidature, décidera avant mai prochain, quelle municipalité ou quelle communauté autonome devra héberger le cimetière objet de la polémique.
La question des cimetières nucléaires divise même les deux principaux partis politiques du pays et a conduit à un affrontement entre municipalités et communautés du pays.
Déjà la Catalogne et Castilla La Mancha ont manifesté leur rejet d'accueillir un dépôt de résidus nucléaires. Deux petites villes de la région de Ségovie (centre) ont renoncé dimanche à présenter une candidature en raison des protestations des habitants et des dissensions au sein des conseils municipaux.
Pour le moment, une seule et unique municipalité a présenté sa candidature. Il s'agit de Yebra (Guadalajara), une petite localité de 600 habitants, gouvernée par le Parti Populaire (PP-Opposition).
Mais là encore, la candidature fait des remous : le maire de cette petite localité a annoncé la candidature de Yebra en dépit de l'opposition de la direction de son parti (le PP), qui par la voix de sa secrétaire générale, Dolores de Cospedal, a annoncé l'ouverture d'une enquête sur le sujet.
La Catalogne, communauté autonome du Nord Est de l'Espagne est montée au créneau pour clamer haut et fort son refus d'héberger sur son sol un cimetière nucléaire.
Une opinion publique fortement remontée contre le nucléaire
Pressé par l'opinion publique en Catalogne et certains partis politiques de cette région autonome espagnole qui concentre déjà deux centrales nucléaires à problème du pays, le gouvernement autonome conduit par le Parti Socialiste Catalan s'est vu dans l'obligation de se plier à la volonté citadine et de refuser d'accueillir un cimetière de résidus nucléaires.
"Je ne veux pas d'un dépôt de résidus nucléaires à Asco (centrale nucléaire de Tarragone en Catalogne", a assuré sans équivoque, lundi, le président Catalan, José Montilla.
"La Catalogne, qui génère à elle seule 40 pc de l'énergie nucléaire produite en Espagne, ne peut pas héberger de plus un cimetière nucléaire", a-t-il dit, estimant que "le principe qui doit régir cette question est celui de la +solidarité+ entre communautés espagnoles".
Pour la Catalogne, qui estime avoir trop donné à l'Etat en terme de nucléaire, la question des ATC doit être résolue en prenant en compte "l'équilibre territorial" entre communautés. "Les déchets nucléaires doivent être entreposés là où il y a consensus social et territorial sur la question", ce qui n'est pas le cas dans cette région espagnole, selon le président Catalan.
Dimanche dernier, des milliers de personnes, à leur tête des militants écologiques, ont défilé à Tarragone (Catalogne) pour exprimer leur refus de voir la municipalité de la ville présenter la candidature de Asco (Tarragone) pour abriter un cimetière nucléaire.
Avec ce refus cinglant, le gouvernement Catalan se plie à la volonté de ses habitants et des forces de la société publique fort remontés contre les cimetières nucléaires dont ils craignent les répercussions sanitaires et environnementales.
Nucléaire, une question qui vire au débat sociopolitique
Au-delà des dissensions entre communautés et municipalités du pays, la question polémique des ATC, a viré en un véritable débat sociopolitique des plus polémiques en Espagne.
Pour l'ONG écologique Greenpeace, qui s'est fendue en critiques des plus acerbes contre l'exécutif espagnol et les promesses non tenues de son président, la question d'installation de cimetières nucléaires ne peut être résolue "sans un consensus social et politique préalable, lequel consensus ne peut être conclu que si le gouvernement mette sur la table un calendrier de fermeture progressive mais urgente des centrales nucléaires".
L'ONG écologique a également invité le gouvernement à "reconsidérer sa politique sur les ATC et à chercher un véritable et ample consensus social" sur cette question d'une extrême gravité.
Premier concerné par la question, le PSOE, du chef de l'exécutif espagnol, a critiqué "la posture de son rival le Parti Populaire, qui tout en disant Oui à l'énergie nucléaire, clame Non aux résidus Nucléaires".
Le porte-parole du groupe Socialiste au Congrès des députés espagnols, José Antonio Alonso, a qualifié d'"incohérente" la position des Populaires qui, tout en voulant avec force l'énergie nucléaire, ne veulent pas que les résidus nucléaires soient traités dans aucune municipalité du pays.
Le PSOE et le gouvernement sont eux "cohérents " dans le traitement de cette question, affirme le porte-parole du PSOE au Congrès, relevant que le gouvernement opte pour l'abandon progressif de l'énergie nucléaire pour d'autres énergies comme les énergies renouvelables. "La réalité actuelle est qu'il faut traiter les résidus d'une énergie nucléaire qui date de plusieurs années", a-t-il dit.
Selon Alonso, il y a beaucoup de "démagogie" et d'"électoralisme" concernant deux principaux thèmes polémiques actuellement sur la scène politique en Espagne : celui de l'Immigration et celui du nucléaire.
Bref, le débat sur le Nucléaire ne semble pas être clos en Espagne, un pays qui aspire alléger sa dépendance énergétique de l'étranger en misant sur les énergies renouvelables.


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