Des experts internationaux en matière de justice transitionnelle ont affirmé, vendredi à Rabat, que la mise en oeuvre des recommandations des commissions de vérité sur les violations des droits de l'Homme, est tributaire d'une forte volonté politique visant à dépasser les séquelles du passé et à s'ouvrir sur un nouvel horizon qui assoie les fondements d'un Etat de droit et d'égalité. Les expériences de certaines commissions de vérité à travers le monde, notamment au Timor oriental, au Pérou et en Afrique du Sud, ont confirmé que la mise en oeuvre des recommandations de ces dernières "ne peut être traduite sur le terrain en dehors d'une volonté politique solide au sein des gouvernements et des instances exécutives", ont estimé ses experts lors d'un colloque international, organisé, deux jours durant, par le Forum marocain pour la vérité et l'équité sur les recommandations des commissions de vérité à travers le monde. Dans cette optique, l'experte et conseillère juridique internationale, Naomi Kinsella, a indiqué dans son exposé sur l'expérience du Timor oriental en matière de justice transitionnelle, que les difficultés d'application des recommandations du comité "Accueil, vérité et réconciliation" qui a enquêté sur les violations des droits de l'Homme commises dans ce pays entre 1974 et 1999, ont nécessité l'adoption d'une décision parlementaire stipulant la création d'un comité spécial afin d'impulser la mise en œuvre de ces recommandations. Pour sa part, la juriste française, Julie Guillerot, a affirmé, en exposant l'expérience du Pérou en la matière, que la commission de vérité, chargée des atteintes perpétrées durant 20 ans dans ce pays, avait pour objectifs le recensement des victimes, la poursuite des agresseurs, "la mise en place de garanties de nature à prévenir à l'avenir ces atteintes graves aux droits de l'Homme, ainsi que la conception d'un nouveau contrat social". De son côté, le membre du Barreau de Johannesburg, Howard Varney, a relevé dans son exposé sur l'équité transitionnelle en Afrique du Sud, que la commission de vérité et de réconciliation qui s'est chargée des violations commises à l'ère de l'apartheid, a été maquée par la présentation permanente de ses résultats à l'opinion publique sud-africaine, soulignant qu'elle a abouti à des recommandations très importantes en matière de sécurité, de justice et de bonne gouvernance, ce qui a contribué efficacement au "changement de l'image du pays pour le meilleur". Les travaux de ce colloque, qui connaît la participation d'une pléiade d'experts en droit international et de juristes, se poursuivent à travers un colloque sous le thème "l'expérience marocaine: bilan à la veille de la tenue du deuxième Symposium national sur les graves violations des droits humains", entre autres.