Les participants à l'émission télévisée " Moubachara Maakoum ", diffusée mercredi soir par 2M, ont souligné l'importance d'une approche proactive dans la lutte contre le terrorisme en agissant au niveau du tarissement des sources dans lesquelles puisent les organisations terroristes et ce, dans le contexte des défis posés par les activités croissantes du réseau d'Al Qaida pour les pays de la région du Sahel, d'Afrique du Nord et d'Europe. Lors de cette émission sur le thème "Pourquoi le terrorisme continue de viser le Maroc?", suite au démantèlement récent d'une cellule dans la région d'Amgala dans le sud du Royaume, les participants ont mis l'accent sur la nécessité de la coordination entre les pays du Maghreb et du Sahel pour éradiquer le fléau du terrorisme. Le démantèlement de cette cellule place le Maroc devant une nouvelle forme de terrorisme eu égard à la nature et la quantité des armes découvertes, ont relevé les intervenants. L'apparition de l'organisation Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) est la résultante de transformations structurelles affectant le terrorisme international avec la mise en place de pôles régionaux et de coalitions terroristes, ce qui a créé de nouveaux défis au vu des procédés criminels adoptés, notamment le recours à des camps d'entraînement mobiles et l'enlèvement de personnes contre rançons pour assurer le financement, a relevé en substance M. Aboubakr Sabik de la direction générale de la sûreté nationale. Il y a un lien organique entre la cellule d'Amgala et l'AQMI, a-t-il indiqué, soulignant l'importance de l'approche proactive dans la lutte contre le phénomène terroriste notamment à travers la coordination entre les citoyens et les services de sécurité. Il a souligné la connivence entre le crime organisé et le terrorisme, ce qui a entraîné une transformation dans la nature de l'acte terroriste, d'où l'obligation d'élaborer un cadre de coopération entre les différents pays de la région notamment par la dynamisation des accords existants. Pour sa part, M. Jean-Pierre Filliou, de l'institut des études politiques de Paris, a évoqué le caractère opportuniste des organisations terroristes qui visent par les provocations dans la région du Sahara à focaliser l'intérêt populaire dans le cadre d'une stratégie basée sur la diffusion de "messages jihadistes". Il a aussi fait état d'une certaine concurrence entre les commanditaires de l'acte terroriste au sein de la direction collective terroriste dans la région du Grand Sahara, dont les éléments agissent sous les ordres de l'organisation terroriste centrale. Il a rappelé le succès de l'expérience mauritanienne dans la lutte contre ce phénomène notamment à travers la coordination avec toutes les composantes de la société.
Pour l'écrivain et journaliste algérien Otmane Tazghart, la dimension et les formes d'organisation de l'AQMI résultent des multiples revers essuyés par le groupe algérien qui en a constitué l'essence, augurant sa défaite politique et militaire. Cette situation l'a poussée à adopter la notion de "Jihad internationalisé", en transférant son centre d'influence de l'Algérie vers le Sahel et le Sahara, a expliqué cet analyste qui a souligné l'appréhender avec minutie les mutations que connait ce groupe terroriste qui a commencé comme "internationale islamiste" pour se muer en "multinationale" du terrorisme. Notant l'existence d'une conjonction entre le terrorisme et le crime organisé, en raison des circuits traditionnels de contrebande empruntés par les mêmes groupes terroristes pour faire passer les armes, M. Tazghart a souligné qu'on ne peut résoudre le problème du Sahara tant que les Etats maghrébins ne saisissent pas que ce qui les unit dépasse le cadre de la géographie, mais concerne leur destin commun. Il a par ailleurs considéré que le +Polisario+ constitue un groupe fini sur les plans politique et militaire, ajoutant que certains groupes terroristes l'utilisent pour exacerber la tension entre le Maroc et l'Algérie. Pour sa part, M. Mohamed Benhammou, président du Centre marocain des études stratégiques, a relevé la symbolique que revêt Amghala dans le cadre de l'histoire du conflit maroco-algérien, mettant en avant la nature des armes saisies ainsi que les connections qui existent entre le Polisario et les réseaux criminels d'un côté et AQMI d'un autre. Il a préconisé de priver les groupes terroristes de tout refuge et d'adopter une approche sécuritaire s'inscrivant dans le cadre d'une stratégie globale associant l'ensemble des habitants des pays concernés. Soulignant les particularités de la région du grand Sahara qui se caractérise par sa vaste superficie et par le manque de moyens de contrôle, il a relevé que ces facteurs en font une région se prêtant facilement à la propagation des réseaux de contrebande et un terreau fertile pour les activités menaçant la stabilité de la région. Le Maroc est confronté aujourd'hui au danger du terrorisme couplé au séparatisme, a affirmé le journaliste d'Al Ittihad al Ichtiraki, Abdelhamid Jamahiri, qui a mis en garde contre les tentatives existantes de transplanter au Sud du Maroc la vulnérabilité que connait la région du Sahel et du Grand Sahara, dans le but d'y créer une foyer de tension et d'instabilité. Il a préconisé de consolider la culture de citoyenneté auprès de toutes les composantes de la société et de promouvoir une veille stratégique globale fondée sur les aspects sécuritaires et politiques, mais aussi sur la base de la consolidation de l'édifice démocratique.