Entre le champion de full contact et kick boxing, qui défendait ardemment les couleurs marocaines avant de prendre sa retraite sportive l'été dernier, et l'acteur social, qui met son image et ses moyens au service d'autrui, Mustapha Lakhsem a su donner l'exemple du champion citoyen à travers sa générosité aussi bien sur le ring que sur les fronts de lutte contre les différents fléaux sociaux. Par Ali Refouh Cet enfant d'immigrés, né le 19 septembre 1972 à Hanau en Allemagne mais qui reste fidèle à ses origines marocaines, a déjà choisi son petit carreau dans l'immense échiquier de l'action sociale, à savoir le travail en faveur de la jeunesse, une orientation qui n'est pas fortuite puisque Lakhsem, qui est un sportif complet et raffiné, peut naturellement donner beaucoup à cette frange importante et fragile de la société. Pour lui, la recette est simple: mettre le sport au service de l'éducation et la santé, deux conditions sine qua none pour une jeunesse saine et productive. D'ailleurs, ce sera le leitmotiv de la Fondation Mustafa Lakhsem, créée en 2010 et qui vise à entreprendre des "actions citoyennes pour la contribution à l'éducation et la santé par le sport". Ainsi, après un parcours riche notamment de 70 combats professionnels, dont 12 comptant pour les championnats du monde de full-contact et kick-boxing, le "Tigre des rings", qui a conclu en beauté sa carrière sportive, en remportant haut la main son ultime combat pro aux dépens du Russe Alexey Rybkin, le 5 juin dernier à Fès, s'est consacré sans transition à sa vocation sociale. Et l'année 2010, qui a vu la naissance de "Lakhsem l'acteur social", n'est pas encore finie que son nouveau palmarès est déjà inauguré avec des actions effectives et ciblées: la participation à de nombreuses activités en faveur des jeunes dans plusieurs villes et villages du Royaume (Fès, Casablanca, Ifrane, Tétouan, Salé, Ait Bouguemmaz, Ain Jerri), la contribution, en collaboration notamment avec l'Association Lalla Salma de lutte contre le cancer, à la lutte contre le tabagisme, la toxicomanie et l'alcoolisme, la sensibilisation aux bienfaits des activités sportives et le partenariat actif avec l'Entraide Nationale et l'Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH). Les ambitions de Lakhsem, qui ne s'est pas tout à fait détaché de ses premiers amours, en l'occurrence les arts martiaux, ne s'arrêtent pas là. Il a, en effet, émis à plusieurs occasions l'espoir de créer au Maroc une académie de full-contact et de kick et thaï boxing et ce, en vue de mettre son expérience et ses compétences au service des jeunes champions. Cette initiative, si elle arrive à se concrétiser, serait la bienvenue, à un moment où le Royaume mise beaucoup sur sa jeunesse, véritable richesse nationale et sur le sport, un secteur qui est appelé à jouer pleinement son rôle économique, pour insuffler davantage de dynamisme à sa marche en avant. Ces contributions, aussi sportives que sociales, ont valu à ce champion deux distinctions royales, à savoir le Ouissam du Mérite National de l'Ordre d'Officier en 2004 et le Ouissam du Mérite National de Catégorie Exceptionnelle à l'occasion de la Fête du Trône en 2010. De sa vie de pugiliste multidisciplinaire, Lakhsem conserve un palmarès impressionnant. Il est champion du monde professionnel de full contact (WAKO pro) en 2002, champion du monde pro de full contact (WKN) en 2003, champion d'Afrique de savate (2001), quadruple champion du monde de Kick-Boxing (1990-94), triple champion d'Europe de full-contact (1990-92) et quadruple champion d'Allemagne en kick-boxing et full contact. Un actif surprenant qui ne risque pas de finir aux oubliettes, tant qu'il est converti en énergie fédératrice vouée à l'aide et à l'épanouissement des catégories sociales démunies et précaires.