Trois chercheurs marocains sont parmi les treize universitaires qui ont reçu, lors d'une cérémonie clôturant la septième Conférence sur la littérature arabe du voyage, jeudi soir à Doha, le Prix Ibn Batouta décerné annuellement par le centre arabe de littérature géographique. Il s'agit de Naziha Jabri, de l'université Mohammed V de Rabat-Agdal, Abdelkader Saaoud, chercheur à la Commission Marocaine d'Histoire militaire (CMHM) à Rabat, et Abdelhafid Mellouki, professeur chercheur du ministère de l'Education nationale à Marrakech. Naziha Jabri a ainsi emporté le premier Prix du Voyage contemporain, pour son ouvrage "Arrihla assafarya" (Périples d'ambassadeurs) qui traite des récits de voyage de trois ambassadeurs marocains en France, Saffar en 1845, El Amaraoui en 1861 et El Hajoui en 1920. L'auteur présente son ouvrage, fruit de sa thèse de doctorat, comme une relation d'écrits "fondateurs de la diplomatie marocaine". Pour sa part, Abdelkader Saaoud a été récompensé pour son travail sur les manuscrits d'Al'Sarraj, un notable de Marrakech qui conduisait les caravanes du pèlerinage à travers le Grand Sahara au début du XVIIème siècle. Les récits d'Alsarraj, intitulés "Ouns al-sari wa ssarib, min aqtari al-magahrib", ont le mérite d'être les premiers à traiter du trajet saharien du pèlerinage depuis le Maroc, et renferment d'édifiantes informations sur la géopolitique de l'époque. Ils témoignent, entre autres, de toute la difficulté qu'il y avait alors à voyager au-delà du Touat en raison des brigandages, au point que les rois Saadiens faisaient accompagner les pèlerins de soldats en charge de la protection des convois. Abdelkader Saaoud est un ancien sous-officier retraité des FAR, qui s'est accroché aux études et obtenu son doctorat en 2002. Abdelhafid Mellouki a, quant à lui, été primé pour son travail de recherche sur "Arrihla annasirya", reprenant les récits de voyage vers la Mecque d'Abou Abbas Nassiri, cheikh de la zaouiya Nassirya, sanctuaire du soufisme dans le sud marocain, et fils de son fondateur. Rappelant les périples conduits par cheikh Nassiri à l'époque du sultan Moulay Ismaïl, le chercheur marocain relève que ces voyages ont constitué une source inépuisable de récits relatant la vie dans les pays traversés par la caravane. Lors de ses voyages, Abou Abbas Nassiri s'assurait en effet la confection d'une copie de tout ouvrage qui lui tombait sous la main et la ramenait à son fief marocain, comme ce fut le cas pour le grand recueil des hadiths du prophète "Sahih al-Boukhari". Il était ainsi à l'origine de l'immense richesse de la bibliothèque de Tamgrout qui renferme aujourd'hui plus de 4000 anciens manuscrits. Dix autres chercheurs (4 Algériens, 2 Egyptiens, 1 Irakien, 1 Yéménite, 1 Saoudien et 1 Syrien) ont également été primés. Doté de 3000 dollars, le Prix Ibn Battouta bénéficie d'une grande renommée et permet aux auteurs primés de bénéficier des services d'impression, de communication et de distribution de leurs ouvrages.