Au bout de dix coups d'essais, le Festival international du film de Marrakech (FIFM) donne l'impression d'avoir dépassé les hésitations et les embûches des débuts pour entrer en phase de maturité. Et, par ricochet, c'est toute la cité ocre qui en tire profit avec une incidence économique palpable. (Par Mohammed HAMIDDOUCHE et Jamal CHIBLI) Marrakech tient bien son rang parmi les dix meilleurs festivals au monde, de l'avis de ceux qui ont une longue expérience avec les autres grands rendez-vous du cinéma dans le monde. Le plus du FIFM est d'avoir réussi d'imprimer un caractère populaire, selon les témoignages de plusieurs invités de marque qui ont apprécié l'idée de projection de films à la Place Jamaâ El Fna. D'autres ont affirmé que c'est le seul festival au monde où l'entrée aux salles obscures est gratuite. La machine est huilée grâce à une organisation bien au point, qui ne laisse rien au hasard. Tout le monde trouve son compte dans cette ambiance décontractée: stars, invités, médias et grand public. Aguerris par les répétitions générales des précédentes éditions, les organisateurs, qui font montre d'une rigueur implacable sur le plan sécuritaire, semblent avoir trouvé la bonne formule pour mener à bon port la dizaine de jours que dure le festival. Les stars mondiales sont choyées comme nulle part ailleurs. Les gens du spectacle marocains sont, eux aussi, de la partie, ce qui leur permet de découvrir de nouveaux horizons et de pouvoir entrer dans des relations d'affaires avec leurs homologues étrangers. En tant que rouage essentiel de la mécanique du festival, la presse tient désormais des relations normalisées avec l'événement. Les médias nationaux et étrangers travaillent dans des conditions correctes, à l'exception de certaines restrictions d'accès aux vedettes confinées dans le célèbre palace de La Mamounia. Sur les choix artistiques, le FIFM cherche, là aussi, une certaine originalité. Il accorde la priorité au cinéma de découverte avec la programmation en compétition officielle des premières Âœuvres de réalisateurs donnant des gages pour l'avenir. C'est une contribution majeure à la révélation de nouveaux talents qui, demain, feront les beaux jours du 7ème art. La compétition courts-métrages ouverte devant les écoles de cinéma au Maroc (Cinécoles) est un apport considérable à l'encouragement de la cinématographie nationale. La dimension d'apprentissage fait que le FIFM est soucieux de s'impliquer dans la promotion de cette industrie dont les professionnels affichent un satisfecit pour la tenue d'un tel événement. +IMPACT ECONOMIQUE+ Le Festival international du film de Marrakech a aussi une portée économique aux retombées indéniables sur la cité ocre, qui tire des bénéfices de la dynamique accompagnant cette manifestation. En dix ans d'existence, le FIFM est devenu une partie intégrée à la réalité économique de la ville, qui connaît un merveilleux essor. A titre d'exemple, les arrivées touristiques enregistrent une hausse de 20 pc durant la période du festival. Le FIFM a, de ce fait, un impact certain sur l'activité économique et commerciale de la ville. Il fait la promotion de la destination Marrakech qui accueille chaque mois de décembre le gotha du cinéma mondial et des milliers de visiteurs nationaux et étrangers attirés par la magie du festival, de même qu'il contribue à la création de l'emploi et au développement de l'activité hôtelière. Plus de 70 pc du budget du festival, estimé à quelque 60 millions de dirhams, est dépensé sur place. Cette manne considérable va en grande partie aux hôteliers partenaires du FIFM qui hébergent chaque année des milliers de festivaliers, ainsi qu'aux transporteurs et prestataires de divers services. Pour toute la durée du festival, hôtels classés, maisons d'hôtes et pensions de la ville affichent complet, a confié à la MAP, le directeur d'hébergement d'un grand établissement hôtelier de la place, qui relève que le taux d'occupation dépasse à la veille du festival les 90 pc. La manne du festival profite également aux artisans marrakchis qui travaillent à la confection des décors de la manifestation, sans oublier les restaurateurs et commerçants qui ne dissimulent pas leur satisfaction de l'incidence du festival sur leurs chiffres d'affaires. "Pour nous, les 10 jours du festival représentent quasiment un troisième mois en terme de recettes. Nous avons dû renforcer notre staff et aménager plus d'espace pour pouvoir répondre à la forte demande durant cette période ", a indiqué le gérant d'un café jouxtant le palais du congrès qui accueille les péripéties du festival. Le FIFM constitue également une aubaine pour les transporteurs. La logistique du festival nécessite, en effet, un grand nombre de véhicules pour assurer les déplacements des stars, des invités et des journalistes. Tout cela montre que le festival prend une marge de plus en plus grandissante dans la réalité économique de la ville, a assuré le directeur artistique du festival, Bruno Barde, pour qui la présence de toute la profession marocaine du cinéma dénote que cet évènement est une occasion rêvée de tisser des relations et éventuellement de conclure des affaires.