Le front polisario, qui ferme les yeux sur le mouvement de recrutement de militants au profit d'Al-Qaeda dans le Maghreb Islamique (AQMI), "doit renoncer au terrorisme", lit-on dans une tribune publiée mercredi par le think tank US, The Hudson Institute. "Le désespoir qui pèse sur la vie dans les camps de Tindouf constitue une aubaine pour les recruteurs des réseaux du trafic de drogue et les groupes islamistes", met en garde l'auteur de cette tribune, en citant des rapports établis par des services de renseignements de la région. Partant de ce constat alarmant, la même source fait observer que le conflit du Sahara "a des implications énormes pour l'Europe, l'Afrique du nord et l'Amérique du Sud", rappelant dans ce contexte que depuis 2002, une vingtaine de ressortissants européens ont été kidnappés et ont été ou tués ou libérés moyennant rançons. "Si le Sahara devient le prochain Afghanistan, les répercussions seront désastreuses" pour ces trois ensembles géographiques, note l'article, ajoutant que la Colombie se plaint que l'Afrique du nord "soit devenue une plaque tournante pour les mêmes barons de drogue qu'elle s'évertue à combattre chez elle". La montée en puissance d'Al-Qaeda dans le Maghreb Islamique "menace la stabilité de la Mauritanie, du Mali et du Niger, et est de nature à fournir des zones de repli aux franchises d'Al-Qaeda d'où elles risquent de se métastaser et prendre une ampleur internationale", souligne l'auteur de cette tribune. Pour mieux appréhender les enjeux du conflit du Sahara, l'auteur de cette contribution invite, d'autre part, "à considérer la triste histoire de la famille de Ould Sidi Mouloud: trois frères dont la vie devait être identique, mais qui a néanmoins pris des trajectoires opposées, aussi différentes que ce qui séparait Berlin Ouest et Berlin Est" du temps de la guerre froide.
En 1979, rappelle la même source, Mustapha, Mohamed et Hafid ont été kidnappés par les milices du polisario, ainsi que leur mère et "ont fini dans les camps de Tindouf, sans infrastructures sanitaires, ni eau potable, sur le sol algérien", ajoutant que Mohamed Cheikh Ismaili a réussi à s'évader, en 1982, pour rejoindre son père au Maroc, "où il mène actuellement une vie prospère". Après avoir été assujetti toute sa vie "à la propagande anti-marocaine du polisario, Mustapha Salma regagne le Maroc où il a pu constater l'ouverture et la prospérité de la société, un environnement qui contraste avec la dictature du parti unique qui sévit dans les camps de Tindouf", ajoute la tribune. "Pour avoir librement exprimé son point de vue au sujet du plan marocain d'autonomie à un journal espagnol et aux médias marocains et arabes, Mustapha Salma s'est vu stigmatiser par le polisario en tant que traitre", déplore l'auteur de l'article, ajoutant qu'il a décidé de regagner les camps pour y défendre la proposition marocaine et mettre en place un groupe démocratique. Son enlèvement par les milices du polisario est intervenu avant que Mustapha Salma n'ait pu réaliser ses projets, rappelle-t-on de même source, qui dénonce son confinement par le polisario et l'interdiction aux journalistes de l'approcher. Citant son frère Hafid, la tribune note que ce dernier a confié sa peur du sort qui a été réservé à Mustapha Salma, et "des représailles dont il peut lui même faire l'objet ainsi que les membres de sa famille pour oser exprimer une opinion différente de la ligne tracée par le polisario". "Ils risquent d'être torturés et tués", dénonce l'auteur de l'article. "Si le polisario persiste à persécuter les dissidents et à gonfler les rangs d'Al-Qaeda, les pourparlers sur le Sahara sous les auspices de l'ONU risquent de demeurer stériles au moment même où la région attire de plus en plus d'islamistes radicaux qui ambitionnent de créer un autre bastion d'Al-Qaeda", conclut la tribune.